Le 27 juin 2024
- Scénariste : Stefan Haller>
- Dessinateur : Stefan Haller
- Genre : Autobiographie, Société
- Editeur : Éditions çà et là
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 17 mai 2024
Une enquête familiale qui explore la psyché de la mère de l’auteur, qui a laissé derrière elle de nombreux carnets.
Critique : Première bande dessinée de Stefan Haller, dessinateur de la Suisse germanophone, La mère ombre s’inscrit dans le registre de l’autobiographie – la quête de l’auteur, qui se met en scène, est au centre du livre – mais l’objectif est de brosser le portrait d’une disparue. La « mère ombre » de Stefan Haller est une femme qui a souffert de dépression et de troubles anxieux, et qui a connu durant sa vie plusieurs crises, notamment à l’époque où ses enfants étaient jeunes, ce qui a marqué ces derniers. Elle a vu plusieurs médecins, qui ont posé plusieurs diagnostics – parfois erroné, comme le démontre l’enquête du dessinateur – et l’ont mis sous traitement.
- © Stefan Haller / çà et là pour la traduction française
Extrait d’un journal intime de la mère du dessinateur
Pour reconstituer la trajectoire de sa mère, Stefan Haller a recourt à un procédé original : il retranscrit en bande dessinée des extraits des journaux intimes de sa mère, en restant fidèle à ses mots et à son ressenti. Il met ensuite en perspective ces extraits avec les résultats de ses recherches et les témoignages de ses proches, pour confronter les récits. Cette démarche rigoureuse fait apparaître le décalage entre les sentiments de cette femmes et la réalité telle qu’elle a été perçue par les autres. Enfin, le dessinateur met en scène sa démarche et les répercussion de cette enquête sur sa propre vie : en brossant le portrait de sa mère, Haller questionne en particulier le rapport qu’il entretient avec ses propres enfants.
- © Stefan Haller / çà et là pour la traduction française
Stefan Haller se met en scène dans le récit, où il explique entre autre sa démarche, ses sentiments et ses doutes, et livre des informations complémentaires sur sa famille
Pour gagner en clarté, le dessinateur adopte des mises en page distincte en fonction de la nature du récit. Il adopte ainsi un gaufrier classique de fois trois cases pour retranscrire les journaux intimes de sa mère. Pour se mettre en scène et partager ses réflexion, Haller choisit une mise en page plus aérée, avec des séquences séparées par des traits oranges. S’y ajoutent des narratifs descriptifs qui nous renseignent sur sa famille ou qui donnent des détails scientifiques. On y trouve, par exemple, la définition précise de la schizophrénie. Si le choix d’adopter des mises en page différentes en fonction de la nature du récit se comprend parfaitement, le choix effectué par Haller pour parler du présent – et notamment ces étranges bandes oranges – ne convainquent pas. Les narratifs sont utiles à la compréhension du récit, mais ils alourdissent également l’ensemble.
Stefan Haller adopte un dessin au noir et blanc aux contours appuyés, qui est minimaliste lorsqu’il évoque le présent du récit, et dont les décors sont plus détaillés lorsqu’il retranscrit les journaux de sa mère. Le dessinateur s’attache à retranscrire l’émotion sur les visages de ses personnages, et certains détails nous font entrer dans l’époque du récit. Le dessin parvient à transmettre les émotions fortes que véhicule le récit : les doutes de l’auteur, la souffrance de sa mère, l’incompréhension de son père face à son épouse.
Véritable enquête familiale, La mère ombre séduira en particulier les lecteurs qui s’intéressent à la psychologie et aux troubles psychiques. La rigueur de la démarche de Stefan Haller est à souligner : celle-ci constitue un bon modèle pour celles et ceux qui seraient tenté d’éclaircir la trajectoire de leurs proches. Enfin, le dessinateur parvient à susciter des émotions chez son lecteur, qui feront oublier certaines maladresses du récit.
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