Le 12 juin 2018
Pamphlet sociologique à la limite du thriller, La Mauvaise réputation manque de nuance pour contrer la rhétorique raciste qui sévit en Occident.
- Réalisateur : Iram Haq
- Acteurs : Adil Hussain, Maria Mozhdah
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Allemand, Suédois, Norvégien
- Durée : 1h47mn
- Titre original : Hva vil folk si
- Date de sortie : 6 juin 2018
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Résumé : Nisha est une jeune fille de seize ans qui mène une double vie. À la maison avec sa famille, elle est la parfaite petite fille pakistanaise. Dehors, avec ses amis, c’est une adolescente norvégienne ordinaire. Lorsque son père la surprend dans sa chambre avec son petit ami, la vie de Nisha dérape.
Notre avis : Nisha est jolie. Elle est une adolescente comme les autres, dans une ville norvégienne. Elle se sauve la nuit par les fenêtres pour rejoindre ses amis, elle drague les garçons, tout en veillant à son avenir scolaire qu’elle espère dans la médecine. Une adolescente comme les autres, sinon qu’elle est d’origine pakistanaise, qu’elle vit dans une famille qui ne parvient pas totalement à s’affranchir des fondamentaux culturels sur lesquels elle repose. Les positionnements culturels sont particulièrement durs dès lors qu’il s’agit de l’éducation des filles, de l’émancipation morale et sexuelle des femmes, dans un contexte très patriarcal où l’on comprend que le père a le droit de vie et de mort sur ses enfants. Et comme beaucoup de familles, immigrées ou pas d’ailleurs, le couple parental est sensible aux qu’en dira-t-on qui pourraient traîner à leur encontre.
- Copyright Pandora Film
La mauvaise réputation est a priori un film social. En réalité, tout le scénario est construit comme une sorte de thriller terrifiant qui suit l’échappée désespérée de l’adolescente. Thriller car la monstruosité des membres de la famille est telle que l’issue semble impossible. La musique adaptée accompagne le récit qui oublie la connotation sociale et culturelle au bénéfice du suspens et du rythme. La cruauté emporte tous les traits des personnages, qui ressemblent davantage à d’odieux personnages qu’à de simples migrants partagés entre deux mondes. Et c’est là où le bât blesse. Tous les amalgames et toutes les généralisations deviennent possibles. Certaines répliques sont même choquantes, flirtant avec un caractère raciste assumé. On se rassurera sur le nom de la réalisatrice qui laisse à penser qu’elle regarderait sa propre communauté, avec un regard certes critiquable, mais qui n’appartient qu’à elle.
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Maintenant, le film se laisse agréablement regarder. Le spectateur est indéniablement emporté avec la jeune héroïne dans l’enfer de son destin. On en veut avec elle à la terre entière, à commencer la police corrompue, les services sociaux inefficaces et ces communautés étrangères qui s’enferment dans des idéologies radicales. On en veut même à la jeune fille dont on espère tout le long du film un soubresaut de colère et de résistance.
La mauvaise réputation et son histoire bien menée a finalement plus sa place derrière un écran de télévision qu’en salle. Il y a de l’amour, de l’espoir, une belle photographie, et l’envie de penser que le monde n’est jamais aussi tranché que certains voudraient nous le faire croire.
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