Le 2 juin 2024
Entre humour et burlesque, un duo de jeunes réalisateurs s’amuse à dénoncer les dérives de la machine judiciaire.


- Réalisateurs : Dimitri Lemoine - Thomas Lemoine
- Acteurs : Gaël Tavares, Lotfi Abdelli, Lionnel Astier, Pierre Lottin, Hichem Yacoubi, Benjamin Baffie, Thomas Lemoine, Melissa Izquierdo
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 5 juin 2024

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Résumé : Mathieu, jeune acteur ambitieux, galère pour boucler sa bande démo. Son pote Ousmane lui propose de tourner dans son clip de rap, mais le tournage ne va pas se passer comme prévu.
Critique : La France se situe depuis plusieurs années dans le tiers inférieur des pays de l’Union européenne pour le niveau de confiance exprimé par la population à l’égard de sa police, note un rapport extrait du Journal Officiel en date du 21 février 2021. Aujourd’hui, un simple malentendu additionné de quelques préjugés tenaces peut envoyer arbitrairement n’importe lequel d’entre nous en garde à vue. La mésaventure de Thomas, l’un des deux réalisateurs, victime de cette expérience de liberté suspendue dont il ne comprend ni les tenants ni les aboutissants mais qui lui laisse cependant un souvenir cuisant, sert de trame à cette satire policière. L’histoire se situe dans le 20e arrondissement de Paris, un quartier populaire où se mêlent, sans vraiment se rencontrer, différents univers et où toute une jeunesse, empêtrée dans un labyrinthe d’absurdités, tente de réaliser, parfois maladroitement, ses rêves.
- Copyright Wayna Pitch
Il n’est pourtant ici nullement question d’explorer les états d’âme de la jeunesse des quartiers périphériques et encore moins de se lancer dans un réquisitoire pour ou contre la police.
L’humour renforce notre instinct de survie et sauvegarde notre santé d’esprit, disait Charlie Chaplin. Une maxime qu’aurait pu adopter notre duo de cinéastes qui n’a pas son pareil pour transformer une situation grave en moments comiques inattendus, afin de rendre ce sujet sérieux plus accessible à tous. L’abandon de l’attaque frontale au profit d’un ton léger installe leurs propos dans une ambiance divertissante, propre à créer une réflexion apaisée autour des enjeux sociaux et juridiques dans notre démocratie. Aucun doute que raconter l’injustice avec le sourire la rend plus supportable, surtout lorsqu’elle est accompagnée d’une bande de joyeux drilles. Le scénario, ponctués de dialogues vifs, ne manque pas de rythme, tandis que la naïveté des accusés rebondit sur les aberrations des fonctionnaires de police. Les quelques scènes avec Lionnel Astier, d’une redoutable efficacité, valent à elles seules le détour. Gaël Tavares déploie, quant à lui, toute une palette de nuances, entre subtilité et désinvolture, pour faire d’Ousmane un héros tendre et docile, plus disposé à s’amuser de ses mésaventures qu’à dénoncer un système défaillant.
- Copyright Wayna Pitch
Bien loin de vouloir porter un quelconque message politique ou de faire mine de s’intéresser aux déboires d’une police abandonnée à elle-même, La Gardav prend un malin plaisir à exploiter les quiproquos nés du décalage entre la population et ceux qu’elle est censée protéger, sans jamais se prendre au sérieux, même pour évoquer des dérives sérieuses. Utiliser l’humour pour désamorcer la violence ! Une idée inspirante pour un premier film inspiré.