Benvenuti al Sud
Le 20 juillet 2014
Cure de cigales et d’accent provençal pour Daniel Auteuil, qui se lance dans le remake du film culte de Marcel Pagnol. Une production ensoleillée et bon enfant, mais qui aurait mérité un peu plus de réflexion...
- Réalisateur : Daniel Auteuil
- Acteurs : Daniel Auteuil, Sabine Azéma, Nicolas Duvauchelle, Kad Merad, Astrid Berges-Frisbey
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 9 février 2023 23:10
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 20 avril 2011
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Résumé : En coupant à travers champs pour aller porter le déjeuner à son père, Patricia rencontre Jacques. Elle a dix-huit ans, il en a vingt-six. Elle est jolie, avec des manières fines de demoiselle ; il est pilote de chasse et beau garçon. Un peu de clair de lune fera le reste à leur seconde rencontre. Il n’y aura pas de troisième rendez-vous : Jacques est envoyé au front. Patricia attendra un enfant de cette rencontre. Les riches parents du garçon crieront au chantage, Patricia et son père, le puisatier, auront seuls la joie d’accueillir l’enfant. Une joie que les Mazel leur envieront bientôt et chercheront à partager, car Jacques est porté disparu...
Critique : Des Ch’tis au café du commerce, le cinéma français a compris qu’il était parfois bon de délocaliser sa production, et quitter les appartements des beaux quartiers de Paris pour s’aventurer sur des terr(it)oirs aux accents plus authentiques. Quoi, pour son premier passage à la réalisation, l’un des plus grands acteurs français aurait-il cédé aux trompettes du régionalisme cinématographique ? La réalité est un peu plus complexe, premièrement parce qu’il faut bien reconnaître que s’attaquer à Marcel Pagnol, c’est avant tout relire un auteur qui, pour une grande partie, forme toujours le cœur d’un patrimoine littéraire français cher aux amateurs de « littérature vivante » et aux bancs d’écoliers. En second lieu, ce n’est pas essentiellement l’écrivain Pagnol qui est ici revisité par Auteuil, mais bien le cinéaste ; La fille du puisatier rassemble à lui seul tous les superlatifs du Sud provençal : répliques cultissimes, acteurs en forme de monstres sacrés (indépassables Raimu et Fernandel), conditions de production de choc (tourné en 1940, pour un montage final de 171 minutes). Autant dire que l’acteur-réalisateur avait besoin de s’armer de moult courage et polenta - le plat préféré d’Amoretti, le puisatier et personnage principal du film - pour s’approcher d’un tel objet.
- © Pathé Distribution
Et malgré une production de bonne volonté, le résultat laisse perplexe. Il y a d’abord la jubilation et la stupéfaction conjointes de découvrir simultanément Daniel Auteuil et Kad Merad, improbables paysans bourrus du Sud, s’essayer à l’accent provençal très prononcé devant un déjeuner campagnard - et jusque dans la séquence finale, cet accent nous fait encore sursauter. Il y a ensuite cette déception, vis-à-vis tant du scénario que de sa mise en images : peut-être trop soucieux de ne pas écorner l’image d’Épinal - ou plutôt d’Aubagne - attachée à l’œuvre de Pagnol, Daniel Auteuil l’a figée dans le marbre, telle qu’elle avait été conçue en 1940. Outre quelques gags remis au goût du jour, le récit se donne à nous avec un curieux parfum d’usure temporelle. Il ne s’agit pas d’une question de modernisation ou non du texte, mais plutôt d’une actualisation de ses enjeux ; si l’on est tout simplement réticent à entrer en contact réel avec le déroulement narratif, c’est que l’on a du mal à comprendre pourquoi ces personnages s’évertuent avec tant d’énergie à défendre des valeurs qui n’ont plus de sens immédiat pour nous aujourd’hui. Le problème majeur tient à ce qu’on ne nous explique pas plus en quoi ces valeurs ont un sens pour eux ; de sorte que d’une fresque dramatique dans la France de la « drôle de guerre », le film se transforme en psychodrame anecdotique autour d’un personnage colérique. Dans La fille du puisatier, la caméra est avant tout au service des acteurs : elle guette, parfois non sans lourdeur, leurs expressions, gestes et inflexions qui nous font sourire ou tiquer. Pour une première tentative de réalisation, ce n’est ni une fatalité, ni une tare en soi ; mais cette obsession-là, si elle peut être féconde, aurait gagné à trouver appui dans un matériau cinématographique plus riche.
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