Souvenir d’une blessure
Le 28 février 2008
Un magnifique portrait d’une fille et de son père et une histoire trop vite oubliée de l’actualité des années 80.
- Réalisateur : William Karel
- Acteur : Elsa Zylberstein
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h30mn
– D’après le roman de Clémence Boulouque, Mort d’un silence
Adaptation fidèle et sobre du livre de Clémence Boulouque, fille du juge antiterroriste du même nom. Un magnifique portrait d’une fille et de son père et une histoire trop vite oubliée de l’actualité des années 80.
L’argument : Gilles Boulouque fut le juge antiterroriste numéro un des années 80, en charge de l’enquête sur les attentats de 1985-1986 à Paris, entre autres. Epuisé, écrasé par le système judiciaire et abandonné par ses pairs, il se suicidera en 1990. Sa fille, Clémence, écrira sa douleur et sa solitude dans un roman, Mort d’un silence. William Karel l’adapte à partir de films en super 8, de photos et, surtout, des mots de Clémence Boulouque.
Notre avis : Réalisateur polémique, engagé, spécialisé ces dernières années dans le décryptage de la politique américaine (Le monde selon Bush notamment, un cran au dessus du Farenheit 9/11 de Michael Moore), William Karel s’est attaché ici au respect total d’une œuvre non polémique, toute en émotion et en sentiments. Avec succès. Si, dans un premier temps, La fille du juge surprend par sa lenteur, son calme, son enchaînement de plans en super 8 sur Clémence encore toute jeune enfant, la richesse du texte (impeccablement interprété par Elsa Zylberstein) finit par plonger le spectateur dans une histoire touchante, laissant pointer certains événements de la fin des années 80, oubliés aujourd’hui de beaucoup d’entre nous.
Car entre deux longues phases de récit intimiste, marquées par la poésie et le sens du souvenir de Clémence Boulouque, Karel insère une phase plus historique, qui montre la mise en route et l’irréversibilité de la terrible machine politico-médiatique qui "suicidera" Gilles Boulouque ; sans jamais chercher la controverse, dans le respect de l’œuvre de la fille du juge. Le film qui en naît est justement émouvant, et devient une illustration fidèle et discrète du roman. Un beau film qui permet de se souvenir de cet homme et de briser pour un temps ces mots si justes de Clémence Boulouque : "Personne ne se souvient de mon père et la vague d’attentats des années 80 à Paris se confond avec celles qui ont suivi. C’est après tout le destin des vagues de se retirer. C’était aussi le sien."
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