Ciné-réalité
Le 9 décembre 2003
Drôle de période de sortie pour un film sur la barbarie de l’inceste, nauséeux mais indispensable.
- Réalisateur : Solveig Nordlund
- Acteurs : Nuno Melo, Joana Barcia
- Genre : Drame
- Nationalité : Suédois, Portugais
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– Durée : 1h30mn
Drôle de période de sortie pour un film sur la barbarie de l’inceste, nauséeux mais indispensable.
L’argument : Célèbre producteur portugais d’émissions de télé-réalité, Ricardo Monteiro se trouve à Madère pour recevoir un prix récompensant son émission de reality-show, la plus populaire de l’année. Le soir de la cérémonie, sa fille, Léonore lui lance un ultimatum depuis Lisbonne : s’il ne rentre pas le soir même pour fêter ses dix-huit ans, il ne la reverra jamais. Mais il rate le dernier vol, et quand il arrive le lendemain, l’appartement est vide. Sans aucune nouvelle de Léonore, Monteiro se laisse submerger par une angoisse qui l’entraîne inexorablement dans la folie, mettant au jour les ignobles relations qu’il entretenait avec sa fille.
Notre avis : Parmi les thèmes tabous et difficiles à aborder au cinéma, l’inceste est sans conteste l’un des plus éprouvants. Comment montrer l’horreur, la dénoncer, sans aucune complaisance. Pour ce faire, Solveig Nordlund a adopté un procédé original en surfant sur la vague des reality-shows. La vie de Ricardo Monteiro va progressivement se confondre avec le concept de sa nouvelle émission : dans "La chambre noire", les participants peuvent prendre la place des gens, refaire leurs erreurs ou le réparer et ainsi, gagner ou perdre la partie. C’est ce qui va se passer pour le producteur pédophile. En cherchant sa fille, il trouve sur son chemin une jeune femme, Sarah, prête à tout pour devenir l’animatrice de cette nouvelle émission.
Peu à peu, à mesure que la folie de Monteiro gagne du terrain, l’image qu’il se fait de Léonore va se confondre avec celle de Sarah, au point que cette dernière va prendre la place de sa fille dans son appartement. Grâce à ce système de transfert, la réalisatrice peut révéler toute l’abjection de l’inceste et la monstruosité de la relation qui liait le père et la fille. Plus on avance dans le film et plus il devient difficile de différencier le vrai du faux, à l’image de ce qui se passe dans l’esprit tourmenté du personnage. En collant au plus près à la psychose de Monteiro, Solveig Nordlund nous conduit dans les méandres de la folie et distille une atmosphère pesante.
Près d’une heure et demie plus tard, on ressort au bord de la nausée. Certes, la barbarie et l’inceste ne sont que suggérées et l’acte ultime n’est pas filmé. Mais au moment où se ferme la porte sur Sarah et Ricardo, c’est notre imagination qui se met en marche et reconstitue l’enfer qu’a subi la véritable fille de Monteiro, Léonore. Si la période des fêtes incite davantage aux comédies et aux films légers, il serait regrettable cependant de passer à côté d’une œuvre indispensable.
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