Le 18 avril 2022
Un cinéma rare et précieux qui convoque notre devoir d’humanité en faveur des peuples déshérités du monde.
- Réalisateur : Khadar Ayderus Ahmed
- Acteurs : Omar Abdi, Yasmin Warsame, Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim
- Genre : Drame, Mélodrame, Drame social
- Nationalité : Français, Allemand, Finlandais, Somalien
- Distributeur : Urban Distribution
- Durée : 1h22mn
- Date télé : 23 août 2024 23:50
- Chaîne : Arte
- Titre original : The Gravedigger’s Wife
- Date de sortie : 27 avril 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : Guled et Nasra sont un couple amoureux, vivant dans les quartiers pauvres de Djibouti avec leur fils Mahad. Cependant, l’équilibre de leur famille est menacé : Nasra souffre d’une grave maladie rénale et doit se faire opérer d’urgence. L’opération coûte cher et Guled trime déjà comme fossoyeur pour joindre les deux bouts : comment réunir l’argent pour sauver Nasra et garder une famille unie ?
Critique : Le cinéma africain est rare sur les écrans. Surtout quand il s’agit d’appréhender des populations démunies, sans tomber dans le misérabilisme ou le voyeurisme. La Femme du fossoyeur raconte le drame d’un couple qui doit trouver l’argent nécessaire pour que l’épouse se soigne d’une maladie des reins. Ils sont très beaux tous les deux, particulièrement quand la caméra s’invite à leur domicile de fortune. La lumière est tamisée, les corps sont sensuels, et l’amour fonctionne comme un miracle entre les deux. La pauvreté est même invisible dans l’enclos de leur chez-soi, au contraire des rues ou des hôpitaux où elle envahit tout l’écran.
- Copyright Arttu Peltomaa/Bufo 2021
La Femme du fossoyeur n’est pas en soi un film sur la condition ouvrière des somaliens. C’est un film sur l’amour, avec au cœur du récit, la détermination d’une femme et d’un homme pour sauver leur couple. On pense d’une certaine manière au douloureux film de Lars von Trier Breaking the Waves, tant l’héroïne irradie le récit et tente de transcender le malheur. Nasra est une femme libre, dans une société contrainte par la tradition et la pauvreté endémique. Elle passe beaucoup de temps à embellir son mari ou d’autres personnes, comme pour conjurer un sort, contourner les interdits ou infléchir la destinée. Son ingéniosité est magnifique, permettant par exemple au couple de s’inviter dans un mariage. Mais la maladie la rejoint au milieu de la fête et le long-métrage s’invite dans une course insatiable pour la vie. Même dans sa manière d’élever leur fils, elle fait montre d’une très grande détermination, refusant de monter le ton quand le gamin sèche les cours et visant pour lui le meilleur.
- Copyright Arttu Peltomaa/Bufo 2021
Bien sûr, il y a du mélodrame dans ce récit de sauvetage amoureux et social. C’est le grand défaut du film. Mais le réalisateur Khadar Ayderus Ahmed met un tel soin dans la photographie et la beauté des images que le spectateur dépasse assez vite ce risque. La mise en scène évite à juste titre les effusions de larmes, les cris. On regarde un homme pétri de dignité aller d’une demeure à l’autre pour rassembler la somme qui sauvera sa femme, dans une conduite d’acteurs simple et dépouillée. La rage parfois le saisit, mais il est rattrapé par la sagesse de son éducation et de son humanité. De longues scènes fuient les dialogues. La musique, le non-dit des visages prennent le pas sur des paroles qui seraient futiles ou encombrantes. Khadar Ayderus Ahmed filme le silence, la tristesse, l’amour, en allant à l’essentiel. Même le format relativement court du film participe de ce choix de ne pas rajouter du drame au drame.
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La Femme du fossoyeur est une œuvre rare et bouleversante qui rappelle combien l’accès à la santé est complexe à travers le monde. Khadar Ayderus Ahmed témoigne alors de la nécessité pour nous Européens d’encourager la solidarité des peuples à travers le monde, particulièrement dans un pays comme la Somalie dont on se souvient des famines immenses qui ont ravagé sa population.
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