Modern family
Le 2 juillet 2022
Au cœur de cette comédie "bling-bling", une charge gentille, mais assez bien montée, contre la logique de grande consommation à l’américaine. Avec des acteurs en forme mais une mise en scène effacée, on oscille entre le placement des produits et leur destruction. Inégal.
- Réalisateur : Derrick Borte
- Acteurs : David Duchovny, Demi Moore, Amber Heard, Gary Cole, Ben Hollingsworth, Glenne Headly
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h36mn
- Titre original : The Joneses
- Date de sortie : 17 novembre 2010
- Plus d'informations : Le site du distributeur
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Lorsque les Jones emménagent dans la banlieue chic d’une petite ville américaine, ils apparaissent tout de suite comme une famille idéale. Non seulement ce sont des gens charmants, mais ils ont en plus une magnifique maison et sont mieux équipés que toutes les autres familles du quartier. Le problème, c’est que la famille Jones n’existe pas : ce sont les employés d’une société de marketing dont le but est de donner envie aux gens de posséder ce qu’ils ont...
Critique : Il suffit de jeter un coup d’œil à n’importe quelle cour de récréation pour s’en rendre compte : quand un bambin détient un trésor qu’il commence à montrer à la ronde, il se trouve toujours un deuxième larron pour en dénicher un encore plus impressionnant. Pour le réalisateur Derrick Borte, les adultes ne fonctionnent pas différemment, et cette curieuse mascarade pourrait même servir de définition au fameux american way of life qu’incarnent à merveille les membres de la famille Jones, exhibant tous un sourire à la dentition parfaite. Il est donc assez piquant de découvrir peu à peu les rouages du « concept » sur lequel repose La famille Jones, et qui consiste en un renversement complet et cynique de l’amour faussement désintéressé du prochain - sauce puritaine et capitaliste. De ce point de vue, la satire comporte une efficacité certaine ; si elle est appuyée à grands renforts de tournants scénaristiques dont la subtilité aurait pu être travaillée, la charge contre l’hypocrisie sociale qui étouffe ces banlieues résidentielles rose bonbon suscite davantage qu’un simple sourire. La fausse famille Jones ne peut qu’être dynamitée de l’intérieur, quand l’image de papier glacé qu’on lui impose se heurte aux ambitions des uns et aux instincts des autres (Amber Heard, parfaite en jeune nymphomane...). À une Demi Moore un peu trop lisse, comme sculptée dans son icône de parfaite housewife américaine, on préfèrera un David Duchovny ragaillardi par ses récentes performances visuelles de Californication, et entièrement à l’aise comme maillon perturbateur de cet univers de luxe.
- © UGC Distribution
Le principal caillou dans la mécanique bien huilée de cette comédie somme toute assez peu corrosive, réside paradoxalement en ce qu’elle fait une promotion inédite de cela même qu’elle critique, à savoir la consommation à grande échelle et totalement superflue. À force de rouler en Audi de sport, de jouer à des jeux vidéo sophistiqués et de porter du parfum de marque, nos quatre démarcheurs tombent sous le coup d’un soupçon délicat : et si les clients potentiels étaient non pas leurs voisins fictionnels, mais le spectateur faussement critique ? Auquel cas la conclusion empathique du film et la morale de l’histoire - qui visent à remettre au rang des priorités les sentiments personnels et les véritables liens affectifs - sonnerait plutôt creux... Le manque de caractère de la mise en scène - réduite à un minimum d’inventivité pour servir au plus près le strict fil narratif - ne permet précisément pas de lever l’ambiguïté. À la différence d’un American Beauty, le film ne franchit jamais la ligne qui sépare la pique gentille du message. On reste donc mi-convaincu, mi-dubitatif devant les tribulations de ces Jones, qui sans se montrer aussi dupes que leurs clients, s’avèrent tout de même prisonniers d’une logique commerciale plus maligne qu’eux.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.