Un film de valeur
Le 2 décembre 2015
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 1974, ce film ressort en version restaurée et mérite sa deuxième chance car il a tout d’un grand.
- Réalisateur : Philippe Condroyer
- Acteurs : Didier Sauvegrain, Roseline Villaumé, Marie Mergey
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h46mn
- Date de sortie : 19 février 1975
- Festival : Festival de Cannes 1974
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– Reprise le 18 novembre 2015
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 1974, ce film ressort en version restaurée et mérite sa deuxième chance car il a tout d’un grand.
L’argument : Au lendemain de mai 68, un petit patron de province tente d’affirmer son autorité sur de jeunes ouvriers à cheveux longs…
Notre avis : En 1968, François Caviglioli raconte dans un article paru dans l’Obs l’histoire d’un jeune homme subissant l’autorité d’un patron qui le pousse à se couper les cheveux ; il finira par se suicider. Touché par l’événement, Philippe Condroyer décide de nommer ce jeune homme André et de faire de son combat un long-métrage.
André -joué par un Didier Sauvegrain exceptionnel- refuse de se couper les cheveux mais « c’est pas une question de mode », c’est lui qui nous le dit, « c’est...autre chose ». Un acte politique ? Une question de vie ou de mort ? Une simple rébellion ? Un autre chose qui rend André atemporel ; sa volonté d’affirmer sa liberté et sa souffrance d’en être privé nous parlent et sont d’une terrible actualité.
Ne nous y trompons pas, La coupe à 10 francs a bien 40 ans et tout nous le rappelle mais, passé cet effet générationnel, nous plongeons dans l’histoire pour, si ce n’est nous identifier aux personnages, au moins être touchés.
La légèreté des premiers amours, les moments simples entre amis, la dureté et le stress du travail... Le quotidien de tout un chacun est filmé de façon épurée et minimaliste par Philippe Condroyer qui nous offre une vraie leçon de cinéma. En posant sa caméra à la sortie de l’usine, il nous rappelle en une scène les frères Lumières et leur idée du cinéma : choisir un angle, un cadre, pour construire une image qui montre sa vérité. Comme son personnage (qui peint), le réalisateur nous offre à voir sa vision du monde à travers une caméra toujours astucieusement posée. Un cinéma sensible, brut, intime, qui nous rappelle constamment, sans artifices, que le combat d’André peut être le notre.
Les acteurs incarnent parfaitement la jeunesse de l’époque et nous touchent, simplement.
Ayant à son actif des films industriels tournés pour Renault ou Pont-à-Mousson, Philippe Condroyer s’en inspire pour créer des dialogues crédibles allant à l’essentiel. Une seule réplique du directeur/dictateur suffit d’ailleurs à résumer l’injustice dénoncée par le film : « Vous êtes bien content de trouver du travail chez moi. Le travail, c’est une raison de vivre ».
La Coupe à dix francs a donc tout d’un grand film : des plans réfléchis et astucieux, un acteur qui crève l’écran et des seconds rôles tout aussi justes, un sujet universel, sans oublié une bande originale qui porte merveilleusement ce bel ensemble, musique créée à l’écran et portée par le saxophoniste Anthony Braxton.
Pourquoi donc n’avons nous pas entendu plus souvent parlé de ce bijou ?
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