L’apologie des sens.
Le 11 mai 2010
Une oeuvre singulière et captivante qui s’organise autour d’un troublant cérémonial érotique.


- Réalisateur : João César Monteiro
- Acteurs : João César Monteiro, Claudia Teixeira, Raquel Ascensão
- Genre : Comédie, Érotique
- Nationalité : Portugais
- Editeur vidéo : Blaq Out

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– Durée : 2h43mn
– Titre original : A Comédia de Deus
– Sortie vidéo : le 4 mai 2010
Une oeuvre singulière et captivante qui s’organise autour d’un troublant cérémonial érotique.
L’argument : Les jours de Jean de Dieu s’écoulent sans grand rebondissement. Il partage son temps entre son travail au "Paradis de la Glace" où, à la satisfaction générale, il fait office de responsable et d’inventeur de la spécialité de la maison, la fameuse glace "Paradis", qui fait les délices de la clientèle ; et son appartement où il occupe ses heures oisives et solitaires à ranger, dans un précieux album qu’il appelle "Le Livre des Pensées", toute sa collection de poils pubiens féminins...
Notre avis : En 1989 dans Recordações da casa amarela - Souvenirs de la maison jaune João César Monteiro (1939 - 2003) créait le personnage de Jean de Dieu, une espèce d’alter-ego, lointain cousin de Nosferatu. Il reprendra ce personnage, qu’il incarne lui même sous le pseudonyme de Max Monteiro, dans cette Comédia de Deus, puis en 1998 dans As bodas de Deus - Les noces de Dieu. Et le João Vuvu de Vai e vem - Va et vient, son dernier film, n’est pas sans parenté avec lui.
Ce personnage promène sa silhouette chétive et son exquise politesse dans les rues du vieux Lisbonne et peine à trouver une place dans la société. Dans La comédie de Dieu pourtant João est un fameux maître glacier, ardent défenseur de la glace artisanale contre l’impérialisme et l’uniformité de l’ice-cream industriel.
C’est d’ailleurs en toute chose un homme de goût, c’est à dire qu’il a développé une culture extrêmement raffinée des sens. En dehors des glaces artisanales son objet de prédilection est le corps féminin, auquel il voue un véritable culte fétichiste. Ce fétichisme s’exprime de diverses manières, qui se succèdent au long du film en autant de variations, mais atteint son point culminant lorsque João invite à diner chez lui une jeune fille du voisinage, la fille du boucher, et la fait participer à une incroyable cérémonie érotique aux chandelles avec bain de lait et corne remplie d’oeufs qui seront amoureusement écrasés. Cette scène très longue, mais totalement fascinante, et de plus magnifiquement photographiée, est un très grand moment de cinéma.
Le reste est souvent drôle (la rivalité avec le glacier français Antoine Doinel - sic - alias Jean Douchet), agréablement bavard, quelque peu éprouvant par moments (les scènes dans la boucherie) mais toujours séduisant.
Le film est dédié à Serge Daney et à Howard Hawks. Il convoque les musiques de Monteverdi, Haydn, Wagner...
Nous sommes donc en très bonne compagnie tout au long de cet opus singulier qui allie de charmantes maladresses à une véritable force poétique.
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Le DVD
Blaq out réédite le 4 mai 2010 dans de bonnes conditions, bien que sous une forme sommaire, cette oeuvre singulière et captivante.
Les suppléments
Aucun supplément malheureusement, mais le film se suffit à lui-même. Le néophyte conquis pourra aisément trouver ailleurs des compléments d’information. L’ancienne édition franco-portugaise de Gemini films était un peu plus généreuse.
Image
Les couleurs sont vives, bien restituées, et donnent à l’image la sensualité indissociable de son sujet. La compression est seulement correcte, mais permet d’apprécier dans de bonnes conditions le très beau travail du grand chef opérateur Mario Barroso.
Son
Le son dolby stéréo 2.0 est très présent, un peu saturé parfois.