Tank Bang !
Le 27 novembre 2014
Avant Fury de David Ayer il y avait La bête de guerre signé par le futur réalisateur de Waterworld. Retour sur un grand film de guerre des années 80 au statut culte. Souvent oublié mais rarement égalé.
- Réalisateur : Kevin Reynolds
- Acteurs : Jason Patric, Stephen Baldwin, George Dzundza, Steven Bauer, Don Harvey
- Genre : Drame, Action, Film de guerre
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h51mn
- Date télé : 28 octobre 2024 22:25
- Chaîne : TCM Cinéma
- Titre original : The Beast of War
- Date de sortie : 7 septembre 1988
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Résumé : Pendant la guerre d’Afghanistan, en 1981, une troupe de soldats soviétiques, commandée par un homme très dangereux, se perd dans le désert. Les hommes, en pleine mission de destruction de villages et d’élimination de civils, deviennent alors les cibles des habitants, armés pour se défendre...
Critique : C’est en 1988 sous l’égide d’un Kevin Reynolds à qui l’on doit notamment l’injustement boudé Waterworld (Mad Max aquatique avec Kevin Costner lynché par la critique à sa sortie en 1995) que La bête de guerre prend vie à l’écran d’après une pièce de théâtre écrite par William Mastrosimone. La plongée du spectateur dans la première guerre d’Afghanistan entre soldats russes et moudjahidines s’opère de façon radicale avec une scène d’ouverture qui affecte par son très haut degré de violence et ses actes de barbarie gratuite. Un petit village afghan est mis à feu et sang par les chars soviétiques pour se conclure sur l’exécution insoutenable d’un partisan afghan littéralement haché menu sous les chenilles d’un tank.
On ressort de la séquence profondément secoué mais déjà captivé par la force d’une mise en scène filmée à hauteur de canon qui nous inflige une véritable dénonciation de la sauvagerie dont est capable l’être humain en temps de guerre. Nous verrons par la suite le rapport de force s’inverser lorsque l’un des tanks exterminateurs se retrouve perdu et isolé de son unité en plein désert rocailleux. Poursuivi par un petit groupe d’Afghans muni d’un lance-roquettes et venu réclamer vengeance, la "bête" d’acier qui sème la mort sur son passage va très vite s’affaiblir sous l’acharnement de la traque.
Au fur et à mesure que la jauge d’essence diminue et que les munitions fondent comme neige au soleil, une bataille psychologique fait rage dans une ambiance de huis clos anxiogène au sein de l’équipage du tank russe (notons que l’atmosphère générale est soutenue brillamment par la partition atmosphérique de Mark Isham, ensorcelante et magnétique). D’un côté Koverchenko, l’intellectuel idéaliste (Jason Patric) et de l’autre Daskal (George Dzundza), son supérieur, un homme immoral, parano et aliéné encore hanté par les souvenirs de la bataille de Stalingrad (son monologue les relatant ne manquera pas de submerger le spectateur, jusqu’à le retourner complètement par son intensité).
Dzunda va livrer une prestation incroyable et à fleur de peau. Il se révèle totalement habité par ce personnage marqué par les conflits armés et ayant perdu toute notion d’humanité. C’est d’ailleurs grâce à ce duel qui heurte les façons de penser que le film gagne en ampleur. Cette lutte trouve son sommet lorsque Koverchenko, abandonné en chemin par ceux de son camp, finit allié aux Afghans après avoir réclamé asile en invoquant un code pachtoun ancestral. Le laissé-pour-compte intègre ainsi la traque incessante de l’engin infernal afin de rendre à Daskal la monnaie de sa pièce. Acculé dans un cul-de-sac au cœur des montagnes tel un animal blessé qui refuse la mort, le char soviétique sera finalement terrassé non pas par la puissance de feu libérée des armes mais par la pierre, ce qui en fait une allégorie plutôt habile au mythe de David contre Goliath.
Cette œuvre mésestimée et souvent oubliée demeure un très grand film de guerre, loin d’avoir volé sa mention "culte" reconnue par bon nombre de cinéphiles. Avec ses soldats désabusés et son ambiance tirée au cordeau, La bête de guerre balaye avec force et fracas ces conflits armés aux répercussions qui métamorphosent les hommes.
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