Coup de cutter
Le 12 septembre 2021
Le film d’un grand cinéaste : reconstitution historique implacable et sans tabou, qui vise juste et profond.
- Réalisateur : Gillo Pontecorvo
- Acteurs : Jean Martin, Yacef Saadi, Brahim Haggiag
- Genre : Historique, Film de guerre, Noir et blanc, Policier
- Nationalité : Italien, Algérien
- Distributeur : Universal - StudioCanal, Carlotta Films
- Editeur vidéo : Studiocanal
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 22 mai 2024 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 13 octobre 2021
- Titre original : La battaglia di Algeri
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 21 octobre 1971
- Festival : Festival de Venise 1966, Festival du film franco-arabe 2022
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– Année de production : 1966
Résumé : Le 7 janvier 1957, le général Massu se voit remettre par Robert Lacoste, ministre résident, les pleins pouvoirs sur Alger afin d’endiguer définitivement la révolte menée par le FLN depuis 1954 contre la présence française en Algérie. Massu et son chef d’état major Godar font quadriller la ville par la 10e DP et un régiment surveille la casbah, le vieux centre d’Alger. C’est le début de la traque contre la cellule principale du FLN et ses principaux dirigeants...
Critique : Voir La bataille d’Alger pour la première fois donne l’impression d’assister à la découverte d’un chef-d’œuvre maudit qu’on aurait longtemps eu envie de vous ôter du regard pour de mauvaises raisons (un peu Punishment Park de Peter Watkins). Ce film constitue l’un des paradoxes les plus intéressants de l’histoire du cinéma : d’un côté, une œuvre reconnue, auréolée de toutes parts (elle a notamment obtenu le Lion d’or au festival de Venise) et malgré tout censurée, projetée de manière clandestine. La raison de ce conflit est simple : ce que ce film révèle, montre, crache sur la guerre d’Algérie s’avère d’une véracité absolue.
Si chaque société a les films qu’elle mérite, alors des films comme La bataille d’Alger permettent de mieux cerner la nôtre. À l’heure où l’on apprend qu’à l’autre bout du monde des prisonniers irakiens ont été victimes de sévices de la part de leurs gardiens américains, la reprise de ce brûlot en salles tombe on ne peut mieux parce qu’il sonne comme une dénonciation de la barbarie sous toutes ses formes. C’est également un juste retour des choses pour que la vérité sur un passé voilé et honteusement éludé éclate : La bataille d’Alger met sans détour les points sur les i et parle sans tabou d’un sujet épineux avec comme points d’interrogation les abus, les discordes et le terrorisme. Tourné peu de temps après les accords d’Évian de 62, le film relate la bataille d’insurrection d’Alger (l’éradication du FLN dans la casbah) jusqu’à la fin de la guerre pour aboutir à l’indépendance du pays. Sous son aspect documentaire et précis (l’intégralité des scènes a été tournée sur les lieux de la vraie bataille et les interprètes sont pour la plupart des non-professionnels), La bataille d’Alger ne se contente pas de relater de simples faits et d’étayer des événements, mais devient un réceptacle de haine bouillonnant, âpre et sans concession qui vise juste et profond.
Aux antipodes des codes du film de guerre (où l’action est bourrin et les personnages, usuellement outranciers), le cinéaste ourdit discrètement un thriller implacable dont la violence et la férocité n’ont rien perdu de leur impact. Pour l’époque, le traitement des personnages est intelligent et novateur, tous débarrassés de la moindre scorie manichéenne (les tenants et aboutissants du conflit sont montrés du côté algérien comme du côté français avec une objectivité radicale). La photographie en CinemaScope noir et blanc de Marcello Gati confère un relief subtil et inattendu à ce chaos désarmant, à cette rébellion sous-jacente qui germe sous les humiliations et les tortures, sous le poids des attaques et menaces sporadiques : elle magnifie les rues d’Alger en même temps qu’elle glace le sang du spectateur.
Ce n’est pas tous les jours qu’on découvre des perles de la sorte, d’autant qu’il y a ici un intérêt double : c’est une œuvre de cinéma - et de cinéaste - remarquablement mise en scène, supérieurement interprétée, en même temps qu’une reconstitution historique éblouissante. Incontestablement une œuvre majeure qui risque de marquer votre parcours de cinéphile.
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