Le 23 septembre 2020
L’ordre moral raconte le combat pour la liberté d’une femme au début du 20ème siècle comme un symbole universel d’émancipation féminine. Un film aussi fort qu’il est élégant.
- Réalisateur : Mario Barroso
- Acteurs : Maria de Medeiros, Marcello Urgeghe, João Pedro Mamede
- Genre : Drame historique
- Nationalité : Portugais
- Distributeur : Alfama Films
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Ordem Moral
- Date de sortie : 30 septembre 2020
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Résumé : En 1918, Maria Adelaide Coelho, héritière et propriétaire du journal Diário de Notícias, abandonne le luxe social et culturel familial dans lequel elle vit, pour s’enfuir avec un insignifiant chauffeur, 26 ans plus jeune. Les conséquences de cette décision vont être douloureuses et moralement dévastatrices.
Critique : Plus qu’une épouse trompée, une mère méprisée par son fils ou une riche héritière, Maria Adélaïde est une joueuse au sens propre du terme. Elle n’hésite pas à se débarrasser de ses tenues bourgeoises pour enfiler celles des gens du peuple. Elle assiste une jeune servante qui doit avorter et prodigue des soins à un chauffeur séduisant, atteint d’une forme de pneumonie. Tirée d’une histoire vraie, cette Marie Adélaïde fait figure de militante pour un monde plus juste, et surtout un univers où les femmes ne sont pas réduites au silence de leur condition. Surtout, elle joue les actrices pour ses quelques spectateurs de salon, rendant par là-même son existence plus belle.
- Copyright Alfama Films
Le film est d’abord pensé et porté de bout en bout par une Maria de Medeiros proprement stupéfiante. Elle interprète cette héroïne féministe et libertaire, bovaryste presque, pendant que les hommes analysent sa disparition comme une perversion liée à son âge, la ménopause et son statut d’épouse. Elle accepte de se livrer aux mains amoureuses d’un chauffeur de vingt-six ans plus jeune qu’elle, lui-même étant manipulé par un amant vénal. Les hommes qui, pourtant à l’époque, règnent sur le monde économique et des idées, ressemblent à des pantins, face à une Maria Adelaïde qui cultive sa liberté et son amour propre comme un rempart face à la tyrannie masculine. La chevelure épaisse dont elle compte en ouverture du film, les filaments blancs, contribuent à son pouvoir de séduction et de revanche sur un monde où elle se sent méprisée et mal comprise.
- Copyright Alfama Films
Mario Barroso qui a écrit le film pour sa comédienne, Maria de Medeiros, assume la théâtralité de la mise en scène. Il joue sur les reflets de miroir, dans des décors somptueux, plus proches d’une scène de théâtre que d’un espace de cinéma. D’ailleurs, le récit insère des extraits de tragédie que Maria Adelaïde interprète avec conviction et passion. Les réalités se superposent, celles du théâtre filmé, de la comédie des hommes et de cet ordre moral qui s’effiloche grâce à cette femme qui refuse les conventions et choisit la liberté contre le luxe de sa classe. Même ces folles dans la clinique où son mari la fait enfermer de force, semblent sorties d’un ballet fantasque. Elle trouve ainsi la force dans la combativité, la théâtralisation de son destin, et la traduction de pièces de théâtre. En quelque sorte, la littérature se transforme en une puissante arme contre les conventions sociales, jusqu’à l’intérieur de cet asile où elle forme des patientes, du moins des femmes qu’on a enfermées comme elle à leur insu, à cet art de la dramaturgie.
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On mesure à quel point l’ordre est établi par les hommes qui ont acquis le pouvoir par l’argent. Ils ont tous les droits sur le désirs des femmes, leur liberté, au point de les acculer à la folie. Une des dernières séquences où les psychiatres tentent de la faire succomber au rang des aliénées afin que son mari et son fils s’approprient sa fortune, est d’une grande éloquence sur la violence que nos sociétés ont exercée sur les femmes. Mais Mario Barroso choisit la pudeur et le dépouillement pour décrire la domination masculine. Il ne cède pas aux excès romantiques et fait de son héroïne un symbole de liberté et de persévérance.
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