L’oracle - la critique du film

Et si on était face à un nouveau krach boursier ? Voilà l’hypothèse glaçante que nous propose Markus Vetter dans un documentaire élaboré avec l’aide de Martin Armstrong, consultant financier dont les expériences et magouilles géniales l’ont même conduit en prison aux USA pour escroquerie.

L’argument : Martin Armstrong, ancien conseiller financier richissime (1 billion de dollars), basé aux États-Unis, a mis au point un modèle informatique basé sur le nombre pi, et d’autres théories liées aux cycles, capable de prédire les tournants décisifs de la vie économique mondiale, et ce avec une précision frappante.

Notre avis : Le réalisateur Markus Vetter est diplômé en sciences économiques et c’est donc en toute logique que son film se pose des questions fascinantes sur l’évolution de l’économie, s’interroge sur le fonctionnement du capital, et donne lieu à des informations pertinentes, qui aiment flirter avec la théorie du complot, comme par exemple sur l’Europe et la dette souveraine des gouvernements.
Bien qu’il s’agisse d’un sujet souvent lourd et ennuyeux, l’auteur réussit à faire de son long-métrage un thriller, à la fois vif, trépidant et dynamique, en dépeignant parallèlement aux mécanismes de l’économie le récit personnel de la figure de la finance iconoclaste Martin Armstrong, depuis sa tendre enfance jusqu’à aujourd’hui.
(C) Jupiter Films
Devenu millionnaire à seulement 15 ans en vendant de vieilles pièces de monnaie canadiennes, l’homme de la prévision économique, visionnaire ou escroc, aime à déclarer être capable de « deviner » les caprices du marché. C’est en lisant une panoplie de livres sur la Grande Dépression qu’il s’est rendu compte que tout ce qu’il avait lu auparavant n’était que propagande. Les mémoires de Herbert Hoover, publiées dans les années 30, déclencheront le phénomène !
Il aurait par la suite réussi à trouver une façon révolutionnaire de prédire avec exactitude les fluctuations des marchés financiers, ce qui lui a permis de trouver ses marques en tant que consultant et de fonder son entreprise de conseil, Princeton Economics. Martin Armstrong a mis au point un modèle informatique basé sur le nombre Pi, et d’autres théories liées aux cycles, capables de prédire des tournants décisifs de la vie économique mondiale, avec une rigueur saisissante. Armstrong relie le nombre Pi aux cycles de la bourse et, grâce à un code découvert et inventé par lui-même, il sera capable de prédire des tragédies financières comme celle du Krach de 1987 (la seconde plus importante baisse jamais enregistrée en un jour sur un marché d’actions).
Alors Martin Armstrong, génie ? escroc ? énième lanceur d’alertes dans un monde aussi écouté qu’à l’écoute ? Malgré les millions touchés tout au long de son existence, rien ne sera jamais très simple pour lui, tout comme il nous est difficile de prendre position face à une personnalité atypique qui n’entre dans aucun moule. Il en découlera la plus longue incarcération pour outrage au tribunal de l’histoire, sans avocat, sans procès, ni motif. Un scandale judiciaire comme l’Amérique en raffole.
« Ceux qui préparent une guerre, déplacent leur argent à l’avance ». A travers ce(t auto) portrait, Armstrong et Marcus Vetter confessent vouloir faire bouger les gens. Et Armstrong de déclarer du film : « j’espère qu’il agira comme un catalyseur permettant de déclencher des réformes et des transformations fondamentales ».
Ancré dans le genre du documentaire économique didactique, avec un message politique et social évident, l’efficace The Oracle rejoint, entre autres, le très descriptif Master of the Universe de Marc Bauder et Let’s make money, étonnante plongée au cœur du système financier mondial, réalisée par Erwin Wagenhofer.
Ce long-métrage cérébral, bien ficelé et totalement maîtrisé, suscite la réflexion. Markus Vetter, est-il en train de suivre les pas de Michael Moore dans Capitalism : a love story ? Le public y trouvera peut-être un élément de réponse le mercredi 16 septembre.

Bande-annonce :

Interview :