Le 10 février 2020
Adapté d’un roman de John Irving, le film de Lasse Hallström est un récit initiatique d’une qualité honnête, malgré une mise en scène très convenue.


- Réalisateur : Lasse Hallström
- Acteurs : Tobey Maguire, Charlize Theron, Delroy Lindo
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h11min
- Date télé : 10 février 2020 20:55
- Chaîne : Arte
- Titre original : The Cider House Rules
- Date de sortie : 22 mars 2000

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Résumé : A l’orphelinat de Saint-Cloud, dans le Maine, le docteur Wilbur Larch, un être plutôt excentrique et attachant, se charge de réaliser "l’œuvre de Dieu" ; en mettant au monde des enfants non désirés, mais ne néglige pas "la part du diable" puisqu’il lui arrive d’interrompre illégalement certaines grossesses. Des liens de père et fils vont se tisser entre lui et le jeune Homer Wells, un orphelin réfractaire à l’adoption, désireux de partir à la découverte du monde.
Notre avis : Troisième transposition au cinéma d’un roman de John Irving, le film a été adapté par l’auteur lui-même, qui a remporté l’Oscar du meilleur scénario. L’ombre de Dickens qui planait sur le récit se dissout quelque peu dans le classicisme du long-métrage, même si la superbe photographie de cette œuvre et la qualité de l’interprétation (celle de Michaël Caine en particulier, qui lui valut la célèbre statuette dans la catégorie acteur dans un meilleur rôle) en font un divertissement honnête. Fidèle à son prénom, Homer s’émancipe de la tutelle du docteur Larch pour partir à l’aventure. On devine que le parcours initiatique empruntera les voies de l’éveil sentimental, d’autant que le manque affectif ressenti par le protagoniste le rend disponible à une histoire d’amour. Candy Wendall sera cette révélatrice, lestée d’un statut maternant, si ce n’est maternel. Ce motif est déjà présent à l’orphelinat, lorsque les enfants filmés en plans de coupe investissent le film King Kong d’une lecture psychanalytique, se référant à la relation entre l’animal et l’héroïne. Dans les superbes décors du Maine, l’histoire d’amour se noue entre deux êtres qui unissent leurs deux solitudes, parce que si Homer est orphelin, Candy vit douloureusement une autre forme d’abandon, liée à l’absence de son amoureux Wally, engagé dans la guerre en tant qu’aviateur.
La délectation avec laquelle les amants donnent libre cours à leurs désirs et la configuration d’une liaison adultérine, capitalisant sur l’absence d’un soldat mobilisé par un conflit mondial, constituent évidemment la trame du Diable au corps. Mais la comparaison s’arrête là, parce que le récit bifurque vers une issue plus mélodramatique, qui tient à la blessure irréversible de Wally. Commentant leur propre malheur, les protagonistes livrent des réflexions qui sont aussi les nôtres, avant que le dénouement ne s’accommode de retrouvailles très attendues. Bref, calibré pour les cérémonies à trophées, L’Œuvre de Dieu, la part du Diable a plutôt bien réussi son coup, puisqu’il a été nommé six fois aux Oscars.