L’œuf dure - la critique du film

Copyright Les films de l’ange

Notre avis : Ils s’aiment. Lui, Rémi, aborde la quarantaine et lui, Dino, la majorité. Ils se rencontrent à l’occasion d’un casting que le réalisateur organise. Il prévient que c’est un film sans budget, qui a peu de chance d’être distribué et qu’il est un auteur indépendant. Dino rêve de gloire et d’une carrière d’acteur. L’amour qui naît entre eux débouche rapidement sur le désir de mettre au monde un enfant, du moins de recourir au ventre d’une amie comédienne du réalisateur, a fortiori handicapée motrice. Alors s’engage une sorte de journal filmé, qui raconte tout autant cet amour (presque) fou entre les deux hommes, que leur projet tout à fait saugrenu pour avoir un enfant.

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Ce nouvel épisode est un écho au premier film de Rémi Lange L’omelette. Cette entrée dans le cinéma était proprement autobiographique et racontait le coming-out du jeune-homme de l’époque. L’œuf dure traite d’une autre façon de la question des amours homosexuelles, mais abordée d’une façon plus mature et distanciée du réalisateur. En filigrane, le cinéaste décrit la difficulté de vieillir quand on est gay, tant le jeunisme, l’hyper-sexualité, et donc en réalité la solitude, demeurent des références centrales au sein de la culture masculine gay. Mais Rémi Lange ne sombre jamais dans le mélo. Il choisit l’autodérision pour décrire ce qui advient à nombre d’hommes gays, en proie aux années qui passent, et à la recherche d’un sens à la vie, quand la sexualité ne permet plus de compenser la frustration affective. Le rire n’est jamais loin et le fait d’adopter la forme journalistique permet toutes les originalités. Rémi Lange est un réalisateur courageux, jusqu’au-boutiste dans son art, qui parcourt les festivals de cinéma depuis longtemps, et qui n’a rien à perdre. Il opte pour une esthétique résolument libre, à contre-courant des différentes écoles, étant convaincu que la persévérance finira par payer.

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Certes, L’œuf dure souffre du manque, voire de l’absence totale de moyens. Néanmoins, ce minimalisme économique donne au film un caractère profondément attachant. La deuxième partie, qui raconte avec une fantaisie et drôlerie incontestables, la tentative par Rémi de faire l’amour à celle qui devra porter l’enfant de leur couple, brille par sa générosité et sa liberté absolue. En quelque sorte, Rémi Lange apporte sa pierre au débat général sur la gestation pour autrui, sans oublier la place de la femme, en tant que mère procréatrice, et sujet de droit. La caméra, qui s’invite dans ces essais avortés d’hétérosexualité, devient presque une opportunité à porter le débat auprès du plus grand nombre. Finalement, la parentalité telle que Rémi Lange l’aborde dans son film, dépasse la question de la seule homosexualité. Le cinéaste pose avec acuité la place de l’enfant dans ces projets, sans pour autant se complaire dans la moralisation et la condamnation.

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Voilà donc un film absolument jubilatoire, d’une poésie très touchante qui rend hommage à toutes les formes de différences dans notre société. On regrette quelques longueurs mais, vraiment, on espère que ce long métrage donnera envie à des producteurs d’offrir le budget nécessaire à la suite de la carrière de Rémi Lange, déjà longue, et bien évidemment prometteuse.