Le 2 octobre 2024
- Scénariste : Harold Charre>
- Dessinateur : Quentin Boyer Di Bernardo
- Genre : Drame, Fantastique
- Editeur : Delcourt
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 28 août 2024
Entre Moby Dick et Gulliver, cette escapade sur les flots se révèle aussi profonde que l’océan.
Résumé : Martin est un jeune navigateur qui souhaite démarcher des sponsors pour une traversée. Il rencontre Jeanne, une veuve âgée en quête d’un lieu précis au milieu de l’océan Atlantique, mais se méfie d’elle...
Dans cette Île aux géants, cette masse d’eau qui compose la matière de l’album est à même de refléter bien des choses, de déformer bien des idées, de faire miroiter aussi bien des rêves oubliés et des espoir déçus. En fait, à partir d’un voyage, le scénario construit une interrogation distante, éthérée même, sur la vie, les buts que l’on se fixe, les croyances et les certitudes que l’on se bâtit, sans jamais vraiment apporter de réponse claire ou précise, à l’image de cette île aux géants flottante, que l’on désespère de voir apparaître alors que l’on n’y croyait pas. Trop naïve, trop belle, cette légende se fond dans le décor de cette traversée, que l’on imagine finir en Robinsonade ou en échappatoire à un Kraken venu des profondeurs. Rien de tout cela, seulement deux individus qui ne se supportent pas mais font route ensemble, sans qu’une tension sexuelle ne s’installe ou qu’un crime ne les sépare à tout jamais. Couple sans attaches, voguant par ennui ou passion, ces deux êtres que rien ne relie vont affronter la mer et ce d’une manière finalement très banale, vraie, laissant passer l’orage des émotions, réparant les avaries de la vie, se calant sur le vent.
© Delcourt / Boyer
Avec ce scénario tranquille signé Harold Charre, le dessinateur Quentin Boyer Di Bernardo déploie une fresque de couleurs séduisantes, voire envoutantes. Ses bleus, ses violets, ses noirs même semblent aspirer l’œil comme les grands fonds attirent les jambes d’un nageur en haute mer, ses personnages pourraient se perdre dans ces décors grandioses s’ils n’avaient pas la coque rassurante de l’esquif pour se rattacher à un élément tangible. Toutefois, la filiation avec le dessin du grand Mucha est ce qui trouble le plus, comme si les affiches intemporelles du tchécoslovaque avaient été reprises pour en faire un album de bande-dessinée, avec toute sa verve fantastique et naturelle qui faisaient leur beauté. Avec ici l’océan en point d’orgue, personnage ultime, décor à réinventer sans cesse pour ne pas le laisser deux fois identique, qui semble à la fois dévorer l’album et tenter de lui faire une place, à cette île de songe et d’espérance.
© Delcourt / Boyer
Escapade sur des flots à la fois philosophiques et réalistes, voyage en quête d’une utopie aussi bien que récit de deux âmes distantes, L’Île aux géants sort des cadres et impose l’océan comme milieu, personnage et valeur initiatique.
136 pages
29,99€
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Galerie photos
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