L’Humour à mort - la critique du documentaire sur l’attentat contre Charlie

L’Humour à mort évoque à la fois l’horreur des attentats de janvier 2015, la solidarité qui suivit lors des grandes manifestations, l’histoire des caricatures du Prophète, le souvenir des dessinateurs... Des sujets d’actualité en cette fin d’année 2015, traités avec le courage de la nécessité et une vraie clairvoyance.

L’argument : Le 7 janvier 2015, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo est victime d’une attaque terroriste qui coûte la vie à douze personnes dont les plus grands dessinateurs de presse français, Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré. Le lendemain, une policière est tuée dans la rue. Le 9 janvier, une nouvelle attaque vise des juifs de France. Quatre otages sont assassinés. Ce film est un hommage à toutes ces victimes.

Notre avis : Inutile de rappeler ce qu’est le « 7 janvier 2015 » et pourtant il est indispensable de traiter le sujet pour sensibiliser les mémoires, mais alors comment l’aborder ? Les réalisateurs ont ici choisi de commencer simplement par le début : 2007, le journal satirique Charlie Hebdo est jugé pour avoir publié des caricatures du prophète Mahomet, en soutien à un journal danois et au nom de la liberté d’expression.
Cette étape est essentielle pour comprendre la tragédie de janvier 2015, elle repose le contexte, nous montre qui étaient ces dessinateurs visés et assassinés, leur irrévérence, leurs sourires, leurs convictions. Les extraits d’interview sont judicieusement choisis, leurs paroles de l’époque prennent une toute autre résonance. Cette première partie pose des questions que l’on retrouve en toile de fonds tout au long du film : pourquoi ces journalistes se sont si souvent senti seuls alors que leur mort réveillera un élan démocratique incomparable ? La liberté d’expression est-elle une toujours une réalité aujourd’hui ? Aura-t-il fallu tous ces morts pour qu’une vraie prise de conscience opère ?
(C) Pyramide Distribution
Puis le film prend une toute autre tournure. Il égraine, sur fond de musique très lourde, les jours : du 7 janvier, attaque à Charlie Hebdo au 14 janvier, sortie du numéro « Tout est pardonné ». À base de témoignages très (trop ?) détaillés, d’images de conférences de rédaction, de manifestations et d’événements parallèles, cette description chronologique est parfois longue, peut paraître répétitive et trop morbide. De plus, on déplore que l’Hyper Cacher ou Ahmed Merabet ne soient évoqués qu’à travers des images de quelques minutes alors que ce film annonce au début être dédié à tous les morts de ces événements.
(C) Pyramide Distribution
La surprise du montage vient finalement nous redonner le sourire puisque la dernière demi-heure est un hommage simple aux dessinateurs de Charlie Hebdo. Un ultime chapitre pour opposer au néant des assassins la force de la vie. Cette fois les témoignages sont vivants, les musiques enjouées, les images d’archives font sourire et la légèreté est retrouvée. Comme si, à la question « que doit-il rester de ces événements ? » les réalisateurs avait choisi leur réponse : l’esprit Charlie, la liberté, la possibilité de rire de tout. La vie, donc.

(C) Pyramide Distribution