Le 18 mai 2024
- Scénariste : Jean-David Morvan>
- Dessinateur : Roberto Meli
- Genre : Adaptation, Drame
- Editeur : Sarbacane
- Famille : BD Franco-belge, Roman graphique
- Date de sortie : 7 février 2024
Adaptation tout en estampe et en classe d’un roman dépaysant.
Résumé : À l’occasion universelle de 1922, un légataire suisse profite de son séjour au Japon pour découvrir les plaisirs locaux, et n’est pas insensible aux charmes d’une belle inconnue. Faisant fi des conventions, il l’invite immédiatement à partir avec lui à la campagne...
Critique : Au moment d’ouvrir l’album, le lecteur comprend que cette bande dessinée splendide - nous y reviendrons - , est une adaptation d’un roman, et c’est ainsi qu’il tombe sur le nom Thomas Raucat. Un petit tour sur sa fiche Wikipedia indique que non seulement l’écrivain méconnu a effectivement séjourné au Japon à cette période (c’est à dire au début du XXème siècle), et que son roman avait cet humour qui a séduit Jean-David Morvan au moment du choix, puisque son pseudonyme est apparemment un jeu de mots grivois en japonais. On ne saurait dire si cette adaptation est fidèle au texte, mais visiblement, dans la tonalité humoristique et dans la vision du fossé entre les deux cultures (européenne et nippone), cet album remplit parfaitement ces critères de loyauté à l’original. D’ailleurs, le récit est extrêmement plaisant, avec une alternance des points de vue, de la dame japonaise et du voyageur européen évidemment, mais aussi le chef de gare ou l’homme d’affaires, autant de petites bêtises prévisibles pour l’occidental que de petits airs guindés pour les deux autres orientaux, la femme relevant le tout avec sa tragédie personnelle et culturelle.
- © Sarbacane / Melis
De par son titre et donc son thème, le lecteur s’attend à une certaine sensualité, mais à l’exception d’une ou deux cases sur l’ensemble des cent trente pages, il faudra repasser pour l’érotisme. Et pourtant, la fluidité des enchaînements, l’omniprésence de l’eau, les couleurs glissantes de bleu à peine rehaussées d’un rouge de baiser pourpre, tout concourt à garder cette sensualité au cœur même du dessin. Cette partie de campagne est évidemment un hommage non pas aux impressionnistes mais bien aux estampes, Roberto Melis s’imprégnant de l’ukiyo-e pour asseoir un format franco-belge aux accents de roman graphique où la peinture japonaise se serait finalement imposé. Du coup, ce choc des cultures que Thomas Raucat prônait dans son écrit se retrouve également dans le dessin, comme un mantra qui enveloppe l’œuvre.
- © Sarbacane / Melis
Dans cette adaptation d’un roman méconnu aujourd’hui mais audacieux à son époque, le duo Morvan/Melis rappelle que la BD est un vecteur d’appropriation génial et qui peut apporter encore davantage que l’original.
128 pages – 22 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Galerie photos
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.