Le 9 octobre 2024
Ce récit fantastico-policier, aux airs faussement naïfs, en dépit de ses défauts certains dans la mise en scène, s’annonce comme un long-métrage attachant et pétri de surprises.
- Réalisateur : Christian Lara
- Acteurs : Luc Saint-Eloy, Julienne Traventhal, Gustave Sorgho, Xavier Letourneur
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : Night ed Films
- Durée : 1h21mn
- Date de sortie : 9 octobre 2024
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Résumé : Deux femmes sont retrouvées un matin en Guadeloupe, battues à mort à coups de bâton. Cela suffit pour que la rumeur parle du retour de « l’homme au bâton », personnage énigmatique qui a défrayé l’actualité en 1956 en assassinant – avec le même protocole-plusieurs femmes sans être arrêté. Le capitaine Pierre Mombin et le lieutenant Mélissa Louis-Joseph, chargés de l’enquête, vont tenter d’élucider les crimes du présent en ré-ouvrant l’enquête des meurtres non élucidés en 1956.
Critique : C’est une banale histoire policière à laquelle s’attache un commissaire qui s’apprête à prendre la retraite. Banale, en réalité, pas vraiment, car de curieux crimes sont commis sur l’Ile de la Guadeloupe contre des femmes battues à mort avec un bâton. L’histoire se répète car soixante-dix ans plus tôt, de mêmes horreurs étaient commises, ravivant des légendes locales jamais résolues. La rationalité des enquêteurs s’oppose amors à la confrontation à des contes transmis de générations en générations, très emprunts de l’imaginaire créole.
Force est de constater que ce drôle d’objet cinématographique est loin d’être un chef-d’œuvre. Les comédiens font le job, non sans une certaine maladresse ; et pourtant, peu à peu, cette atmosphère qui rappelle des tableaux du Douanier Rousseau, finit par cultiver un certain intérêt, où se mélangent croyances locales, enquête policière, entretiens énigmatiques et règlements de compte à pas feutrés contre la métropole. Curieusement, L’homme au bâton, une légende créole est une œuvre qu’on a du mal à détester. Pourtant, le jeu des acteurs est assez médiocre, les dialogues ne sont pas très enlevés, Mais le réalisateur, Christian Lara, parvient peu à peu à susciter une attention du spectateur dans l’attente de voir ces crimes résolus, et de comprendre les liens entre les légendes du passé et l’actualité.
- Copyright Skyprod - Night Ed Films
Christian Lara, décédé en 2023, laisse une œuvre très dense, importante dans la culture antillaise, certes inégale mais qui n’a eu de cesse de jouer entre le film de divertissement, voire l’érotisme, et la mise en valeur proprement politique de la culture et de la société créoles. Son dernier film rassemble ces différents points de vue, dans la mesure où il se veut avant tout une enquête palpitante sur des crimes abominables, tout en revendiquant l’importance des mythes, des représentations antillaises dans l’interprétation de la réalité. Le film se veut à la fois très original, très personnel et en même temps, très préoccupé de la place qui est offerte sur les écrans de cinéma aux personnes des territoires d’outre-mer.
L’homme au bâton, une légende créole visite la Guadeloupe sur une tonalité autant drôle que sévère. Les personnages deviennent des caricatures d’eux-mêmes, ne manquant pas d’égratigner les Métropolitains qui font toute leur carrière en outre-mer, non sans une certaine suffisance à l’égard des autochtones. Tout ce petit monde s’éparpille dans des imaginaires ou des rêves contrariés où l’on ne sait plus la limite entre le réel et les légendes insulaires.
- Copyright Skyprod - Night Ed Films
Nous voilà donc face à un film à l’abord assez énigmatique. La perception occidentale sur une pareille œuvre induit forcément des biais, qui ne permettent pas d’apprécier le long-métrage à sa juste valeur. Et pourtant, il se dégage de cette œuvre le sentiment d’un univers guadeloupéen, qui hésite encore entre le refuge de ses croyances ancestrales et la nécessité de survivre aux dépens d’une métropole pas toujours très généreuse dans la reconnaissance de ses populations insulaires. La fin assez imprévisible témoigne aussi d’une culture qui peine encore à assumer sa modernité et se perd parfois dans des clichés idéologiques et moraux d’un autre temps.
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