Cinéma, je t’ai donné mon existence !
Le 7 septembre 2018
Trop de références pour trop de sujets survolés... c’est le pur symptôme du premier film boursouflé. Les belles images que le réalisateur a cumulés font leur effet, mais l’émotion n’est pas là.
- Réalisateur : Zoe Berriatúa
- Acteurs : Luis Cabejo, Macarena Gómez , Jorge Andreu
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Espagnol
- Durée : 1h25mn
- Titre original : En las estrellas
- Festival : L’Étrange festival 2018
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Depuis la mort de sa femme, Victor a sombré dans l’alcoolisme. Il a perdu son travail de réalisateur et passe ses journées à imaginer des scénarios qu’il raconte à Ingmar, son fils de neuf ans.
Notre avis : « Le cinéma est la chose la plus importante au monde ! » Même les plus passionnés d’entre nous ne sauraient donner raison à Victor alors que l’enseignement chimérique qu’il donne à son fils ne fait que le détacher de la dure réalité. Leur relation, entièrement basée sur leur fascination commune pour leur 7ème art et son pouvoir d’imagination, n’est pourtant pas sans rappeler celle qu’avaient, trente ans plus tôt, Philippe Noiret et le jeune Salvatore dans le bouleversant Cinema Paradiso.
Pourtant, la base de ce long-métrage se veut davantage héritée de Terry Gilliam, qui a toujours pris de soin de poser le cœur de ses scénarios à la limite entre le réel et le fictif, et en particulier de Fisher King auquel on pense dans la scène d’ouverture où le personnage principal apparait, comme celui qu’incarnait Robin Williams, comme un SDF dément. L’autre réalisateur auquel le travail de Zoe Berriatua se réfère indirectement est Michel Gondry dont l’univers visuel de bricoleur tel qu’on a pu le voir dans notamment, La Science des Rêves est le même que celui qui sert à illustrer l’imagination de Victor.
En deux ans, Zoe Berriatua a en fait signé deux films (Los heroes del mal n’est pas sorti en France) produits par Pokeepsie Films, l’écurie d’Álex de la Iglesia, un autre cinéaste à qui il est difficile de ne pas penser. La façon dont ce film joue sur les codes – mais aussi sur de très nombreux clins d’œil à George Méliès – du cinéma de genre pour illustrer la dure réalité de la crise économique rappelle en effet ce que de la Iglesia avait pu faire avec Balada Triste ou Le Jour de la Bête. Au-delà de son mentor, par son humour, qui sait être à la fois tendre et grinçant, ou encore par sa photographie, qui semble préférer la lumière nocturne au soleil qui apparaît comme pesant, Berriatua emprunte également beaucoup aux poncifs du cinéma de genre espagnol contemporain.
- Copyright DYP
Voilà qui commence à faire beaucoup de références, sur le fond comme sur la forme. C’est assurément ce constat qui ressort de ce Up Among The Stars tant il se risque à accumuler, tout du long, les sources pour en faire un bel hommage au cinéma dans son ensemble. Et même si son art y apparaît comme un moyen de se forger un imaginaire commun plus attrayant que la réalité, toute la charge émotionnelle du film est justement dans le parcours qui ramène les personnages vers la réalité. Pourtant, cette émotion semble bien artificielle, et c’est là la meilleure preuve que le réalisateur n’a pas réussi à tisser sa propre patte en constituant ce livre d’images bien fourni.
Davantage encore que le peu de potentiel lacrymal des dernières minutes, le manque d’expérience de Zoe Berriatua apparaît par le rythme inégal qui pèse sur son écriture impersonnelle. Bien sûr, cette multiplication de clichés et de clins d’œil, qui en arrive à phagocyter sa construction narrative, a au moins le mérite d’assurer à son film un certain charme hypnotique. Et pourtant, contrairement à son alter ego, le réalisateur ne finit pas par affirmer son identité sous le poids de son excès de zèle ultra référencé. Sans nul doute, sa véritable erreur est d’avoir pris son personnage au premier degré quand il déclarait que « Le cinéma est la chose la plus importante au monde ! », au point d’avoir délaissé « son » cinéma.
- Copyright DYP
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.