Saint-Etienne, l’épopée 76 - Benjamin Rassat - critique du documentaire

News : L’équipe bling-bling de l’OM, version Tapie, a beau avoir remporté ce qu’on appelait encore la Coupe des clubs champions, en 1993, le PSG a beau avoir conquis la Coupe des coupes en 1996, on a l’impression que le mythe Saint-Etienne 76 perdure, avec un capital de sympathie supérieur, où se conjuguent la sociologie (élan populaire pour une ville de tradition ouvrière), la dimension purement sportive (le réveil du football français, après des années de disette), les premières retransmissions télévisuelles dramatisées par des duos mémorables (les commentaires de Cangioni et Roland -déjà- catalysent l’adrénaline issue de la remontada contre Kiev, en quart de finale).
Pourtant, la team de Larqué, Rocheteau (futur acteur chez Pialat), Revelli (Hervé et Patrick, futurs candidats aux élections municipales de la ville), Santini, Curkovic, Bathenay et d’autres, n’a pas gagné sa finale contre le mythique Bayern de Beckenbauer, la faute à de maudits poteaux carrés. Le documentaire de Benjamin Rassat fait revivre la fièvre verte, devenue une chanson, qui est sans doute le seul tube spécialement composé pour un club hexagonal. L’afflux de 30.000 supporters du Forez, dans les travées du Hampden Park de Glasgow, où se jouera la finale la plus prestigieuse d’Europe contre le mythique club allemand, constitue l’apothéose de cette adhésion footballistique. Au pays de Poulidor, les seconds seront honorés malgré la défaite, en descendant les Champs-Elysées.
Interviews des protagonistes et de leurs proches, extraits de matchs inoubliables (le fameux but de Rocheteau en quart, au match retour) émaillent ce documentaire diffusé pour la première fois à la télévision en 2016, et qui décrypte l’engouement devenu phénomène, bien au-delà du simple cadre footballistique.
Si la réalisation est assez classique, le propos s’avère précis, qui remet en perspective le formidable exploit des Verts : le parcours européen fut tout sauf le fruit du hasard, en fait les dividendes d’une vraie politique de formation menée depuis des années par le club. A cela s’ajoute une préparation des matchs alors inédite, tant d’un point de vue physique que tactique, comme dirait Didier Deschamps. Le tout sous la houlette de l’impavide Robert Herbin, récemment disparu. L’homme qui écoutait volontiers Brel, Mahler et Wagner, une fois rentré chez lui.
Avec Saint-Etienne, le football français voyait à nouveau le jour, après deux mornes décennies footballistiques. L’équipe nationale du nouveau sélectionneur Michel Hidlago allait bientôt lui emboîter le pas.