Le 10 février 2019
Sidonis-Calysta a déniché une petite perle inconnue, au scénario fort et à l’impeccable distribution.
- Réalisateur : Michael Gordon
- Acteurs : Gene Tierney, Glenn Ford, Zachary Scott, Ethel Barrymore
- Genre : Western, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h20mn
- Titre original : The Secret of Convict Lake
- Date de sortie : 28 novembre 1952
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– Année de production : 1951
– Sortie DVD : le 19 janvier 2019
Résumé : Des criminels réussissent à s’évader de leur prison. En fuite, ils atteignent le village reclus de Diablo Lake, qui a la chance de posséder un gisement d’argent. Les hommes de la bourgade sont temporairement absents, laissant les femmes seules... Les dangereux évadés se réjouissent de la nouvelle.
Notre avis : On s’étonne de ce que ce film singulier n’ait jamais été distribué en France, surtout si l’on considère que son casting réunit rien moins que Glenn Ford et Gene Tierney. On est donc ravi de le découvrir, et c’est une belle surprise : le scénario d’abord, original par son cadre (un village isolé par la neige) et sa situation (un groupe de prisonniers évadés face à des femmes seules), aussi bien que par son traitement ; le récit installe des tensions intérieures, deux femmes se disputant à propos du mariage de l’une avec le frère de l’autre, un homme est surveillé par les autres qui le soupçonnent d’avoir dissimulé de l’argent, et des tensions extérieures, entre méfiance, séduction et histoire ancienne. Le cinéaste excelle à passer d’une intrigue à l’autre, parfois par un simple panoramique. Il fait également merveille pour traduire visuellement des conflits intriqués sans perdre le spectateur.
François Guérif juge le film bavard ; il nous semble au contraire que les dialogues, plutôt bien écrits, font rarement du remplissage : ils définissent les personnages, attisent les sentiments ou font évoluer l’intrigue sans verbiage excessif – si l’on excepte, surtout vers la fin, quelques répliques moralisatrices. C’est que L’énigme du lac noir repose peu sur l’action, d’ailleurs bien menée comme en témoigne le règlement de comptes des dernières minutes, il se concentre davantage sur des affrontements psychologiques et parvient sans mal à captiver par sa rigueur et sa sobriété. On n’oubliera pas la séquence magnifique où des femmes s’attaquent à un forçat avec des fourches, en un plan digne d’un tableau, ni le personnage de Rachel, sœur brisée par le comportement passé de son frère, ni les regards illuminés par le chant de l’harmonica. De telles scènes, bien qu’exceptionnelles, charpentent une œuvre concise et probe, tout entière vouée à l’observation minutieuse d’êtres animés par des désirs puissants (la vengeance, l’argent, le sexe, la reconnaissance). Par de menus détails, Michael Gordon, dont c’est le premier western et le dernier film avant que le maccarthysme ne l’éloigne des plateaux, suggère délicatement des affects : une femme qui se recoiffe devant la fenêtre puis cède à la passion, une autre qui minaude en ramassant du bois, autant d’observations fines saisies comme par effraction.
Il faut l’avouer, les hommes sont moins bien traités : les stéréotypes ne les épargnent pas (la brute, le lâche, le faible et le bon), pas plus qu’on n’ échappe à la grand-mère qui devine les âmes. De ces portraits dessinés à grands traits, Gordon ne sait pas vraiment quoi faire et il aligne les scènes convenues (les menaces, la trahison) sans grande imagination. C’est d’autant plus dommage que pour le reste, ce film âpre mérite mieux que l’oubli dans lequel il est tombé. Et puis, il y a Gene Tierney ...
Les suppléments :
Patrick Brion passe en revue les films de 1951 avant d’évoquer l’étonnante carrière de Michael Gordon, blacklisté pendant la chasse aux sorcières, et d’analyser le film comme un huis-clos (10mn). À sa suite, François Guérif revient sur l’originalité de ce film quasi-disparu malgré son casting impressionnant, dont il célèbre le décor et les personnages féminins majeurs ; son interprétation du scénario comme métaphore du maccarthysme est séduisante (11mn30).
L’image :
La plupart du temps, l’image de cette copie restaurée est bien contrastée et définie. De rares accrocs sans conséquences n’empêchent pas le rendu d’être globalement très satisfaisant.
Le son :
La musique a un peu souffert des outrages du temps, mais les dialogues sont limpides et dynamiques. Pas de VF.
Galerie photos
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