Liste noire
Le 19 avril 2010
Un classique trop méconnu du polar social des années 40, par un cinéaste qui sera victime du maccarthysme.
- Réalisateur : Abraham Polonsky
- Acteurs : John Garfield, Marie Windsor, Thomas Gomez, Beatrice Pearson, Paul Fix
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 1h18mn
- Titre original : Force of Evil
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– Sortie États-Unis : 25 décembre 1948
L’argument : Joe Morse, un jeune avocat, devient conseiller d’un gang contrôlant les paris. Confronté à son frère, qui refuse d’entrer dans sa combine et amoureux d’une fille de la bande, il finit par se révolter et s’attaque à l’organisation.
Notre avis : Scénariste pour Robert Rossen (Sang et or/Body and Soul, 1947), Abraham Polonsky signe son premier long métrage avec ce drame policier épuré, dénonciation des compromissions mafieuses aux accents de tragédie antique. Si la surabondance de dialogues noie un peu le récit policier dans un artifice théâtral susceptible de déconcerter les jeunes générations, le film trouve pourtant un rythme typiquement cinématographique, par un montage alternant affrontements psychologiques (l’avocat et la secrétaire), irruption saisissante de la violence (le meurtre du comptable) et envolées poétiques inattendues (la recherche finale dans les docks). C’est un modèle de cinéma social et citoyen utilisant les codes du film de genre, dans la lignée des réalisations de Richard Brooks, Robert Aldrich (par ailleurs assistant sur cette œuvre) ou Jules Dassin. La critique incisive de Polonsky sur les failles du système judiciaire américain contribua-t-elle à le griller lors de la montée du maccarthysme ? Sans aucun doute, et l’on peut regretter que son inscription sur la « liste noire » brisa net sa carrière hollywoodienne. Sorti dans l’indifférence générale, et non distribué en France, L’Enfer de la corruption fut réhabilité dans les années 60, sous l’influence « macmahonienne » de Bertrand Tavernier et Pierre Rissient. Le film est aussi l’occasion de (re)découvrir l’immense talent de John Garfield (1913-1952), surnommé le « Gabin du Bronx », et dont le jeu moderne, tant habité que sobre, annonce les compositions futures d’un Harvey Keitel ou d’un Russell Crowe.
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