Le 15 avril 2023
Un portrait sensible, délicat et profond, d’un immense artiste, Claude Lanzmann, qui aura porté toute son existence, à travers ses créations, le droit incommensurable à la vie et la liberté.
- Réalisateur : François Margolin
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bon Voyage Films
- Durée : 1h15mn
- Date de sortie : 12 avril 2023
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Résumé : Le dernier grand voyage de Claude Lanzmann, le célèbre auteur de "Shoah", en Corée du Nord. Il y parle de la vie et de la mort, du communisme, de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre, de "Shoah"... et de lui-même. Un dialogue sans filtre avec le réalisateur. un portrait d’un homme exceptionnel, et d’un pays d’exception.
Critique : Ce film est un retour aux sources dans un des pays les plus sombres et mystérieux de notre globe, la Corée du Nord. François Margolin se souvient à l’occasion d’un festival de cinéma de l’homme de cinéma immense qu’a été Claude Lanzmann. Immense et paradoxal car derrière l’homme qui a témoigné avec force de l’horreur des camps nazis, voue à la dictature communiste une sorte d’attachement critique, empreint de fascination et de détestation à la fois. Il parle au documentariste devant les statues de bronze pendant que des soldats défilent derrière lui. François Margolin vient officiellement pour fabriquer un film sur le Taekwondo ; en réalité, il est là pour accompagner le réalisateur vieillissant, et dresser un portrait qui sera le dernier dans l’incroyable carrière de l’artiste.
- Copyright Bon Voyage Films
François Margolin revient sur les écrans après des années de silence. Le célèbre ancien assistant de Depardon se filme aux côtés de Lanzmann. Il y a entre les deux hommes un attachement très sensible, une sorte même de pudeur à approcher le regard de l’artiste qui s’émerveille de bâtiments officiels avec la malice et la distance critique qu’on lui connaît. En plus d’ailleurs d’être un portrait du cinéaste, le film est un portrait d’un ville, Pyongyang, décrite comme une ville fantomatique, une fiction, c’est-à-dire un monde replié sur soi, arrêté dans une éternité sombre. Lanzmann évoque dans ces décors urbains d’un autre monde sa propre peur de mourir, ses relations anciennes à Simone de Beauvoir entachées par l’angoisse de mort. En ce sens, Margolin fabrique un film sur la vie et la mort, l’inéluctable vieillissement qui attend chacun d’entre nous, mais aussi sur la liberté qui se cherche au cœur d’une dictature communiste, dans la mesure où l’image se capte dans un subtil détournement des contraintes administratives imposées au réalisateur par les autorités coréennes.
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Comme toutes les personnes âgées, Lanzmann est acariâtre, drôle, colérique, sensible et fatigué. L’artiste s’est mis en quête de retrouver un amour de jeunesse, une infirmière, comme s’il devait régler à l’automne de sa vie, les souvenirs éparpillés de son existence. À travers cette quête, il parle de la ville, qui est passée d’un état de campagne à la brutalité bétonneuse de la modernité, entachée du communisme. Tout est sujet à des autorisations publiques pour filmer les lieux, les gens, les rivières. On y perçoit la vie tranquille des habitants, loin des représentations stéréotypées que les images officielles renvoient de la Corée du Nord. On pense dans ce dialogue sensible aux nombreux témoignages filmés que de grands cinéastes ont entrepris auprès de très grands artistes, comme Duras que Jacquot a formidablement filmée dans les derniers moments de sa vie.
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Le plus beau moment demeure cette scène de bus où Lanzmann confie son rapport au communisme, en écho à la barbarie nazie dont il a témoigné dans Shoah. Il devient alors possible de penser le cinéma, l’art, comme une apostrophe de l’humanité au seul bénéfice de la liberté et du droit à vivre son appartenance culturelle et sociale, à la manière finalement du poème de Rimbaud que l’homme récite fièrement au bord du fleuve Taedong.
- © Bon Voyage Films
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