Le 16 avril 2018
Un coup de tonnerre avant-gardiste contre le racisme, la discrimination et la circulation des armes aux Etats-Unis, un peu décevant.
- Réalisateur : Deniz Gamze Ergüven
- Acteurs : Halle Berry, Daniel Craig, Kaalan Walker
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 10 janvier 2021 23:00
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 11 avril 2018
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Résumé : 1992, dans un quartier populaire de Los Angeles. Millie s’occupe de sa famille et d’enfants qu’elle accueille en attendant leur adoption. Avec amour, elle s’efforce de leur apporter des valeurs et un minimum de confort dans un quotidien parfois difficile. À la télévision, le procès Rodney King bat son plein. Lorsque les émeutes éclatent, Millie va tout faire pour protéger les siens et le fragile équilibre de sa famille.
Notre avis : Ça commence par un coup de force. Une adolescente, noire de peau, plutôt nonchalante et provocatrice, empoche une simple bouteille de jus d’orange et se fait outrageusement tirer dessus par la responsable du magasin, désabusée et révoltée par les tensions raciales qui hantent Los Angeles. De cet événement terrifiant, en parallèle du jugement de trois policiers, filmés en train de cogner un homme noir, démarre une révolte historique des communautés noires contre l’ordre américain. Nous sommes en 1991 et, curieusement, les événements décrits rappellent l’actualité récente des Etats-Unis où un certain Donald Trump s’était malheureusement positionné contre des activistes qui manifestaient pour les les droits civiques, semblant en sous-texte cautionner l’idée d’une suprématie blanche. Les néo-nazis américains avaient fait un mort !
- © 2017 - CG Cinema International - Scope Pictures - France 2 Cinema - Ad Vitam - Suffragettes
Après le magnifique Mustang qui développait le combat pour l’émancipation de jeunes femmes turques, Deniz Gamze Ergüven invite sa caméra à Los Angeles, dans une famille monoparentale où Millie, figure de mère charité dont on ne distingue pas qui des enfants qui l’entourent sont ceux de l’assistance publique ou les siens, élève sa progéniture moralement, pour qu’ils puissent finalement s’élever socialement. Il est toujours très difficile de succéder à un premier film de la puissance de Mustang, qui avait tant été salué par la critique. Difficile parce que nécessairement les moyens offerts par la production sont plus importants, et les attentes des spectateurs très fortes. Kings n’échappe pas, justement, à l’écueil de la facilité. Pourtant, le sujet est profond et hélas d’une grande actualité. Après la lutte pour la liberté sexuelle et affective des adolescentes en Turquie, la réalisatrice s’attaque au besoin légitime des communautés noires des Etats-Unis de bénéficier des mêmes droits, du même respect que leurs compatriotes. Pour cela, elle choisit le genre du docufiction qui alterne les images d’actualité des années 90 avec une fiction familiale. Il y a quelque chose d’assez dérangeant dans cette immersion permanente des images télévisées, comme si la mise en scène elle-même n’avait pas la densité suffisante pour raconter le drame qui se déroule dans les quartiers de Los Angeles à l’aube d’un procès détonnant où les policiers, pris la main dans le sac du racisme, affichait la mine réactionnaire d’une nation diffamante.
- spip-bandeau
- © 2017 - CG Cinema International - Scope Pictures - France 2 Cinema - Ad Vitam - Suffragettes
On ne peut nier que le portrait de cette mère jouée par Halle Berry est très attachant. Elle vit dans un immeuble aux côtés d’un voisin fatigué et criard, interprété par un certain Daniel Craig. On n’attend pas l’acteur dans un tel rôle, et force est de constater qu’il parvient à faire oublier le James Bond qui lui colle à la peau, en arguant un visage vieillissant et un corps de la normalité. Cet homme blanc constitue l’intrus au milieu de la communauté afro-américaine, ce qui n’empêchera pas la jeune mère de succomber à ses charmes certains. De l’homme bourru et rustre surgit alors l’homme amoureux, touchant et ouvert.
Le grand défaut du film demeure son approche au son. Car Kings est particulièrement bruyant, au point d’ailleurs qu’il devient éreintant à supporter jusqu’au bout. Tout le monde crie, à commencer les enfants. A leurs cris se rajoutent la musique, les bruits de voitures, de sirènes etc. L’étourdissement se poursuit du fait d’un montage très serré, à l’image d’un cinéma américain d’action où dominent le mouvement, le bruit et la fureur. Il y a presque un hiatus entre le sujet subtil de la discrimination raciale que poursuit la réalisatrice, et le rythme soutenu de la mise en scène. Du coup, le film se perd dans un scénario hollywoodien dont on aurait espéré un point de vue plus nuancé et des choix esthétiques moins académiques.
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