Le 2 novembre 2017
Premier long-métrage de Wayne Roberts, Katie says Goodbye est avant tout un subtil portrait de femme, porté par la lumineuse Olivia Cooke.
- Réalisateur : Wayne Roberts
- Acteurs : Mary Steenburgen, Mireille Enos, Olivia Cooke, Christopher Abbott
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Français
- Distributeur : Bodega Films
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 18 avril 2018
L'a vu
Veut le voir
– Séléction Officielle 2017 - Festival du Cinéma Américain de Deauville
Résumé : Katie, jeune femme du sud ouest américain, rêve d’une nouvelle vie à San Francisco. Elle vit ses premiers amours et se révèle d’une honnêteté désarmante. Son empathie compulsive envers les autres fait d’elle une proie facile. Sa ténacité et sa jeunesse seront mis à l’épreuve par ceux qu’elle aime le plus au monde.
Notre avis : Rares sont les premiers essais aussi réussis dans l’histoire du cinéma. S’il en est un à rapprocher de Katie Says Goodbye, ce serait sûrement Wanda de Barbara Loden (dont c’est la seule œuvre par ailleurs), peinture brut(al)e d’une femme avec ses contradictions, ses espoirs déchus et surtout sa soumission inquiétante à l’homme. Reflet de son temps mis sur le bûcher par les féministes des années Woodstock, Wanda reste un formidable témoin historique d’un sujet plus que jamais d’actualité un demi-siècle plus tard. Katie, une Wanda 2.0 ? Oui et non.
A la différence du film de Barbara Loden, Katie est un film solaire, porté par un optimisme surnaturel, quand Wanda voguait dans le désespoir et sombrait dans l’alcool. Katie, elle aussi, cristallise l’idéal et l’innocence perdus de ces fameuses petites villes de l’Amérique profonde, contrées déconnectées du monde et du bonheur mais dans un monde étonnamment lumineux. La belle jeune femme (jeune fille même, étant donné son âge) n’hésite pas à offrir son corps pour mettre de l’argent de côté et fuir vers un ailleurs inconnu, prometteur de salut, quitte à suivre n’importe quel bad guy (tout comme Wanda). Ausculté avec finesse par la caméra de Wayne Roberts, le personnage de Katie est une figure assez singulière dans le paysage du cinéma indépendant puisque sa déchéance se fait avec le sourire. On est assez loin des programmatiques films typiques de l’indé “sundance”, où le désespoir règne en maître et les issues semblent rarement à portée du peuple. On voit l’horizon possible pendant tout le récit, sans savoir pour autant de quel côté la balance va pencher. C’est certainement cette incertitude qui rend Katie Says Goodbye passionnant de bout en bout.
Mais en creux, la tragédie est pourtant bien là. Pire, Katie est un élément clé de l’équilibre sexuel de la petite bourgade ; en offrant son corps pour trois fois rien, elle crée une dangereuse alchimie. Tout le monde cherche à détruire sa vertu : du flic au routier de passage en passant par le bon père de famille ou des ados mal dégrossis. La nécessité de son sacrifice est le pire aveu du film, sa virginité bafouée et le mépris affiché de son statut de “prostituée” le premier drame à l’œuvre. Même si elle l’efface artificiellement de sa conscience, son parcours et sa longue agonie, forment une vision terrible pour les consciences. La structure de ce film trouve sa musicalité dans un contretemps permanent, en créant cette ligne de force entre la réalité peinte et son impact inverse sur son héroïne. Il forge ainsi sa propre identité au sein d’une mouvance souvent misérabiliste. Loin des clichés de cette veine du film indépendant traditionnel, Roberts signe une première œuvre solaire d’une sincérité désarmante.
Séléction Officielle 2017 - Festival du Cinéma Américain de Deauville
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.