Karnawal - Juan Pablo Félix - critique

Critique : Deux mondes se font face. D’un côté, il y a le carnaval qui secoue la ville ; et de l’autre, le microcosme familial de Cabra avec un beau-père maladroit, une mère inconsistante et un père à qui la justice offre trois jours de permission. Le jeune homme n’a jamais connu son père. Bien sûr, il en a entendu parler par sa mère, mais cette apparition soudaine est totalement inédite dans son histoire. Karnawal centre tout le récit autour de la figure de ce gamin plutôt silencieux, qui se passionne pour la danse. Il prépare d’ailleurs une compétition devant clore les trois jours de carnaval qui passionnent les foules.

Copyright Bodega Films

Karnawal traite un grand nombre de sujets à la fois, sans vraiment aller au fond. Il parle d’abord d’adolescence, ce qui semble d’ailleurs le plus réussi à travers le personnage de Cabra. Surtout, le récit raconte une tentative de reconstruction familiale entre la mère, le père sorti de prison pour trois jours et le garçon. Ils partent à travers la campagne argentine et bolivienne, sous couvert d’une sombre histoire de trafic dont on ne comprend pas grand-chose ; et c’est à l’occasion de ce périple qu’une cellule familiale tente de renaître. Mais le père est inconstant et irresponsable. Il joue à un rôle d’autorité auprès de son fils, autorité qu’il ne tient pas longtemps, étant lui-même embarqué dans une affaire délictuelle où sont mêlés des avocats et des chauffards. Là où peut-être le scénario aurait pu trouver de l’intérêt en creusant la triade, il se perd dans cette obscure mésaventure, censée dénoncer la puissance de la corruption et de la drogue.

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Juan Pablo Félix se donne beaucoup de mal pour suggérer l’émotion. En réalité, le spectateur détourne son attention sur la recherche de compréhension de l’affaire de trafic entre la frontière bolivienne et argentine. Quelques belles scènes de danse, très rythmées, offrent de véritables respirations au récit. Mais tout le reste est confus, lourd, et l’émotion ne parvient jamais à émerger. On reste en dehors de cette histoire en se demandant comment en si peu de temps un fils peut reconquérir l’amour d’un père et vice-versa, et comment une mère, exaspérée par le comportement sans limite de son mari, peut retomber amoureuse d’un tel homme. Bref, on se sera beaucoup ennuyé dans cette passade familiale, aux accents carnavalesques.