Kamchatka

Comment grandir lorsqu’on est coupé du monde ? En apprenant à résister.

L’argument : Harry, 10 ans, est le fils aîné d’une famille d’intellectuels de Buenos Aires. Sa vie bascule un jour de 1976 lorsqu’un coup d’Etat renverse le gouvernement en place. Opposés à la dictature militaire, ses parents sont contraints de fuir la répression. Installés dans une maison de campagne, ils changent d’identité et n’ont plus de contact avec l’extérieur.

Notre avis : Contrairement à ce que laisse présumer un bref résumé du film, Kamchatka n’est pas un long métrage sur le coup d’Etat argentin de 1976. Bien que Marcelo Pineyro dénonce la répression militaire qui a meurtri son pays, ainsi que la violence qui en a découlé, Kamchatka est en réalité un film sur la famille (que nous lèguent nos parents ?) et sur l’identité (comment faire lorsqu’on l’a perdue ?). Un film sur des parents qui tentent, comme ils peuvent, de conserver un semblant de normalité et de dignité alors que tout va mal.
Confiné dans une maison abandonnée et coupé du reste du monde, Harry ne sait pas exactement ce qui se passe dehors. Tout comme lui, le spectateur ne saura jamais ce qui survient réellement à Buenos Aires. Mis à part quelques soldats aperçus au début du film, le réalisateur a judicieusement choisi de ne rien nous montrer des événements politiques en cours, laissant ainsi planer une menace continue sur la famille, le danger pouvant surgir à n’importe quel moment. Et si au début Harry ne comprend pas pourquoi ses parents l’ont forcé à quitter son école et à ne plus parler à ses amis, il finira par s’amuser de cette drôle de la situation (par moment, il est vrai, assez comique). C’est dans cette douce claustrophobie que Harry deviendra, à son tour et à l’image de son père, un homme. Tout comme au Risk (un jeu de guerre et de tactique) auquel il joue régulièrement, Harry va apprendre (grâce au secret de Kamchatka) ce que veut dire résister.