La montagne sacrée
Le 26 décembre 2015
Sur fond de guerre civile, Kalo Pothi, un village au Népal met en scène l’innocence. Entre pédagogie et modernisme, le film perd dans son classicisme ce qu’il regagne en intégrité.
- Réalisateur : Min Bahadur Bham
- Acteurs : Raj Nepali, Sukra Raj Rokaya, Jit Bahadur Malla
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Suisse, Népalais
- Distributeur : Les Acacias
- Durée : 01h30mn
- Box-office : 3.072 entrées France / 2.117 Paris Périphérie
- Titre original : Kalo Pothi
- Date de sortie : 30 décembre 2015
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Sur fond de guerre civile, Kalo Pothi, un village au Népal met en scène l’innocence. Entre pédagogie et modernisme, le film perd dans son classicisme ce qu’il regagne en intégrité.
L’argument : Dans un petit village du nord du Népal, Prakash et Kiran, deux amis inséparables malgré leur différente caste, décident d’élever une poule afin de gagner un peu d’argent en vendant les œufs. Mais un jour, la poule disparaît. Pour la retrouver, ils partent en voyage, inconscients des dangers amenés par le fragile cessez-le-feu de la guerre civile.
Notre avis : Un enfant vêtu de blanc court sur un pont suspendu. Entre deux flancs de montagnes, entre deux villages, entre deux castes, deux réalités, il court. Premier film népalais sélectionné à la Mostra de Venise, Kalo Pothi, un village au Népal fut couronné prix du meilleur film de la Semaine de la Critique. Figure de proue du cinéma national, le cinéaste Min Bahadur Bham, né et élevé dans le nord du pays, redessine son enfance aux couleurs de la modernité.
© Les Acacias
Le travail du metteur en scène, conjugué à celui du chef-opérateur kazakhstan Aziz Zhambakiyev, est assez délicat pour ne pas faire du film une curiosité. Ni les paysages à couper le souffle, ni le travail franc de la lumière ne distraient l’oeil. Le regard du spectateur s’attarde sur un tissu de soie andrinople, s’accroche à un pic de montagne enneigé, glisse sur les volutes de terre qui s’élèvent lorsque le sol est foulé. Pour autant, jamais la beauté naturelle de ces contrées en friche ne prend le pas sur l’envie du réalisateur de nous introduire à un monde qui lui est familier.
Kalo Pothi, un village au Népal surprend. Non pas parce qu’il est pittoresque ou qu’il répond à d’exotiques codes inconnus, mais au contraire par ses prises de vue terriblement classiques. Prakash marche au ralenti dans le dédale de ses rêves, deux enfants juchés sur les branches d’un arbre échangent des paroles d’adultes, deux silhouettes nues lavant le sang de leur visage dans le courant de la rivière.
© Les Acacias
En 1996, le Népal connu le début d’une guerre civile destructrice, qui fit plus de 13 000 morts et des centaines de personnes en fuite. Le parti communiste du pays, composé de maoïstes, fit face à une monarchie qu’il jugeait corrompue. Kalo Pothi, un village au Népal mêle à des rêves d’enfants une réalité crûe. La violence se cache derrière les talus et les murs de terre glaise. Le long-métrage peine à articuler les deux histoires, celle de la population et celle inscrite en lettre de sang dans les livres de classe. Les anecdotes charmantes s’essoufflent, la guerre peine à faire valoir ses droits. Trop protocolaire, la source du film se tarit. Malgré tout, il convient d’accorder plus d’un seul regard à ce film aux inspirations contemporaines et aux aspirations formatrices.
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