Le 25 janvier 2022
A travers l’embarquée tragique et humaniste de patients en attente de recouvrir leurs fonctions motrices et cognitives dans un hôpital d’Athènes, Marco Gastine propose un documentaire sincère et délicat mais sans doute un peu trop long.
- Réalisateur : Marco Gastine
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Grec
- Distributeur : Les Films des Deux Rives
- Durée : 1h48mn
- Titre original : As Far As the Sea
- Date de sortie : 26 janvier 2022
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Résumé : Dans un grand hôpital public d’Athènes, de graves accidentés sont accueillis au sein d’un service spécialisé par une équipe soignante exceptionnelle. Épaulés par leurs familles et voisins de chambrée, ils mènent un combat quotidien pour retrouver une vie fonctionnelle, une existence autonome. Durant plusieurs mois ils luttent pour réapprendre des gestes élémentaires à la vie en société, tout ce qui fait un homme...
Critique : L’image d’animation est saisissante : celle d’un homme qui court depuis la plage vers la mer. Puis brutalement, il y a ce jeune homme, trachéotomisé, qui peine à bouger les jambes et les bras, après qu’il ait plongé dans un océan qu’il connaissait pourtant bien. Jusqu’ à la mer est l’histoire d’une perte et d’une reconstruction. Celles de ces hommes, souvent jeunes, qui ont subi un accident et espèrent retrouver l’usager ancien de leur corps. Les soignants, médecins, psychologues accompagnent ces naufragés de la vie, petit à petit, dans leur parcours de rééducation où chaque pas, chaque mouvement ressemblent à une résurrection.
- Copyright Les films des deux rives
Mais voilà, l’essentiel du travail des équipes médicales est de redonner aux patients la force de se battre mais aussi celle d’accepter que l’espoir de retrouver la vie d’avant n’est parfois qu’illusion. La caméra de Marco Gastine s’invite dans un hôpital bruyant, où familles et malades luttent au quotidien contre le handicap et se remettent au corps médical. Le propos est simple, clinique presque. En dehors d’une musique timide et sombre, le réalisateur ne force pas les émotions. Il regarde avec affection ces êtres à la fois désemparés et remplis d’espérance. Leur vie devient ce combat lent et patient vers la mer où ils pourront de nouveau nager. Cela les conduit parfois à consulter un magazine de chaussures de sport alors que les jambes sont devenues inertes ou à rire d’une joie amère et interminable. L’hôpital est une vaste organisation humaine où les personnels fêtent leur départ en retraite au milieu d’assemblées musicales, où les fêtes traditionnelles de Noël ou du Jour de l’an s’invitent au pied des lits, et surtout où patients, familles et soignants en rythment l’existence secrète et feutrée.
Jusqu’à la mer refuse d’incarner un documentaire tapageur sur les moyens hospitaliers. C’est un récit où les vies en reconstruction se confrontent à la réalité d’une médecine parfois impuissante. L’espoir s’en tient à un geste minuscule du pied, à l’embrassade de sa fille, et au partage d’expériences tragiques et heureuses à la fois. Le film aurait gagné en émotion si le format avait été plus court. Le risque en effet est de perdre le spectateur dans un continuum de vignettes du quotidien, sans fil narratif structuré. Certes, les quelques figures principales constituent l’opportunité pour le réalisateur à suivre des parcours de soin, mais cela ne suffit pas toujours à donner la matière d’un documentaire.
- Copyright Les films des deux rives
Il est difficile de ne pas céder à l’émotion de ces portraits tout en sincérité. On ressort de ce premier documentaire conforté par la nécessité de continuer à défendre les moyens à l’hôpital et la reconnaissance des personnels qui œuvrent chaque jour auprès de leurs patients.
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