Jolies ténèbres - Marie Pommepuy, Fabien Vehlmann, Kerascoët - chronique BD

Jolies ténèbres porte très bien son titre : rarement une bande dessinée n’aura été aussi luxuriante et cruelle à la fois, lumineuse et intensément sombre. Ici, la violence des situations ressort d’autant mieux qu’elle est véhiculée par un dessin, magnifique, dans la grande tradition franco-belge, quelque part entre Will et Hausman.

Comme il ne faut pas se fier aux apparences, il ne faut pas se fier à l’apparente naïveté des dessins. Dans ce conte extrêmement noir - probablement insoutenable pour certains -, tout conduit à la lutte pour la survie individuelle et/ou collective, puis à la destruction immédiate ou à petit feu.

Marie Pommepuy, Fabien Vehlmann, Kerascoët / Dupuis

Avec son souci des autres et de toujours conserver une part d’humanité, Aurore est un personnage particulièrement attachant et fort, comme l’est plus largement cet album. Quant au sens de la présence du corps de la fillette, il peut apparaître obscur : comme de nombreuses filles de son âge, elle est porteuse d’un univers de contes de fées qui, par sa situation, devient cauchemardesque ? Cet univers est issu d’elle et doit petit à petit trouver son indépendance ? Il disparaît progressivement comme elle ? … Ces questions restent posées, mais n’appellent peut-être pas de réponse.