Eaux troubles
Le 15 août 2007
Moins impressionnant que Lantana, le nouveau long métrage de Ray Lawrence possède des zones d’ombre suffisamment intrigantes pour donner envie d’être explorées. Le trouble nous va si bien en été.
- Réalisateur : Ray Lawrence
- Acteurs : Gabriel Byrne, Laura Linney
- Genre : Thriller
- Nationalité : Australien
- Date de sortie : 15 août 2007
- Festival : Festival de Cannes 2006
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Moins impressionnant que Lantana, le nouveau long métrage de Ray Lawrence possède des zones d’ombre suffisamment intrigantes pour donner envie d’être explorées. Le trouble nous va si bien en été.
L’argument : D’origine irlandaise, Stewart Kane vit en Australie, dans la petite ville de Jindabyne.
Parti avec ses trois amis pour une randonnée de pêche dans les montagnes, il découvre le cadavre d’une jeune femme dans la rivière. Les quatre hommes décident pourtant de ne pas rentrer tout de suite ; ils continuent tranquillement à pêcher et ne signalent leur macabre découverte que quelques jours plus tard.
A leur retour, ils sont confrontés à la colère et à l’incompréhension de toute la communauté.
Ce sera l’occasion de révéler les secrets enfouis par des années de vie commune et d’exacerber les sentiments de haine et d’amour qui agitent plus que jamais les habitants de Jindabyne.
Notre avis : Après le dynamitage du film policier dans le remarquable Lantana, Ray Lawrence s’attaque désormais au thriller horrifique et réitère le même exercice : désamorcer les conventions d’un genre pour donner une large part aux zones d’ombre des personnages et dire des choses profondes sous une apparence ordinaire. En adaptant une nouvelle de Raymond Carver qui avait déjà inspiré le babylonien Short cuts de Robert Altman, le réalisateur Australien confirme sa sincère prédilection pour les chroniques polyphoniques qui à la manière des œuvres de feu Bob révèlent une face obscure et insoupçonnable. Sans en avoir l’air, le contexte horrifique sert de moteur à une étude de caractères plutôt bien vue.
A travers la traque d’un tueur en série presque fantomatique et catalyseur des frustrations (dont nous connaissons l’identité dès les premières images), Lawrence renvoie un miroir social dérangeant où les personnages, subtilement détaillés, font ce qu’ils peuvent pour éviter que le monde autour d’eux ne s’écroule. Son astuce pour faire passer son message au-delà des images consiste à instiller une atmosphère doucereuse et, surtout, à confronter des univers paradoxaux et contrastés : la douce colombe Laura Linney, le méchant tueur en série et la communauté aborigène révoltée. Avec distance, il regarde des hommes se fourvoyer dans la haine et des réactions primaires au lieu d’essayer de chercher le responsable du crime. Ce qui crée moins de proximité avec le spectateur et génère moins d’identification. L’absence de moralisation et l’acuité du réalisateur pour enregistrer le quotidien qui déraille font passer quelques lourdeurs mélodramatiques. En contrepoint, le plan final, très curieux et très drôle, invite à reconsidérer tout ce que l’on vient de voir au second degré.
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