Le 27 novembre 2019
Derrière son côté attachant et fantasque, Jeune Juliette est un film plus grave qu’il n’y paraît sur la difficulté à devenir soi, quand on est jeune et différent de la norme ambiante. Un film à conseiller à tous les adolescents et leurs parents.
- Réalisateur : Anne Emond
- Acteurs : Alexane Jamieson, Léanne Désilets, Robin Aubert
- Genre : Comédie, Teen movie
- Nationalité : Québécois
- Distributeur : Ligne 7
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 11 décembre 2019
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Résumé : Juliette est effrontée, malicieuse, un peu grosse et menteuse. Elle n’est pas vraiment populaire au collège, mais c’est pas grave : c’est tous des cons ! Juliette a 14 ans et elle croit en ses rêves. Pourtant, les dernières semaines de cours se montreront très agitées et vont bousculer ses certitudes sur l’amour, l’amitié et la famille…
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Notre avis : Juliette est enveloppée. Et comble du paradoxe, la première séquence qui ouvre le film la met en scène avec un professeur de sport, tout suant, et aussi rondouillard qu’elle. La comédie s’installe ainsi dès l’ouverture de ce récit fantasque et délicat, qui raconte le destin contrarié d’une adolescente, confrontée à ses premiers émois amoureux. Le long-métrage se passe au Canada et la distribution nous offre un film, avec ce français incroyable du Québec, que la production a savamment doublé, non pas de la traduction des dialogues dans notre parler local, mais du même patois, pour en mieux savourer les originalités.
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Quelle belle intelligence ! C’est à peu près ce qu’on l’on peut dire de ce film qui ne paye pas de mine, à première vue, et relate avec douceur et tendresse la difficulté pour notre Juliette d’exister au milieu des autres élèves, avec ses kilos de trop. Elle n’est pas la seule à vivre avec une différence. Elle est amie d’une camarade de sa classe, qui l’aime autant que Juliette aimerait que le meilleur ami de son frère, le beau gosse de l’école, l’aime. Et elle a l’occasion d’accompagner un nouvel élève, atteint d’un autisme léger, qu’on reconnaît aux obsessions de la saleté, aux propos décalés et à sa façon toute particulière d’envisager la réalité. Mais la réalisatrice, Anne Emont, n’en fait surtout pas des tonnes dans l’expression de ces différences physiques, sexuelles ou cognitives. L’enjeu pour la réalisatrice demeure essentiellement la façon dont Juliette doit gagner en confiance en elle et composer avec un univers adulte, pas toujours en phase avec ce qu’elle aurait pu attendre.
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Il y a dans Jeune Juliette beaucoup de pudeur et de tendresse dans le portrait que la réalisatrice fait de cette famille quelque peu originale. La relation entre Juliette et son frère en fera rêver plus d’un, tant elle est jolie et remplie de délicatesse. Le cinéma offre rarement des films qui refusent l’intellectualisme à outrance, sans tomber dans la vulgarité ou la lourdeur. La légèreté apparente du scénario accompagne le spectateur d’un bout à l’autre de ce récit ingénu et drôle. L’humour ne cède jamais à la moquerie ou la niaiserie. De fait, Juliette devient alors un personnage avec une humanité débordante, au milieu d’une famille bancale, mais aimante. D’ailleurs, le sentiment d’amour vrai traverse toute cette histoire, donnant enfin l’occasion aux spectateurs d’échapper à la sinistrose du cinéma réaliste et social. Voilà donc un film fait pour rire, s’émouvoir, et s’évader dans un univers attendrissant.
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S’agit-il d’un film pour adolescents ? Oui, sans aucun doute. Mais plus que cela, Jeune Juliette est une invitation aux familles de se laisser porter par un demi-rêve, où il sera question de l’émancipation intellectuelle et émotionnelle d’une jeune fille qui démontre, non sans ingéniosité, que le bonheur est permis à tout le monde. La joie constitue la marque de fabrique de ce film, qui pourtant dévoile la cruauté du monde des élèves à l’égard des enfants handicapés ou différents. Cela n’est pas sans interroger le modèle dominant d’une école qui se voudrait inclusive. Mais l’inclusion ne se décrète pas. Elle doit se doter d’un discours, d’une pédagogie qui incite les plus jeunes enfants à vivre avec des êtres vulnérables ou ne rentrant pas dans les normes établies par la société. Voilà sans doute l’objectif éclatant de ce long-métrage qui nous fait, avec une économie de mots, une magistrale leçon sur l’intégration scolaire.
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