Le 9 juin 2018
ESC a soigné l’édition de cette série B efficace et plaisante.
- Réalisateur : Tom Holland
- Acteurs : Catherine Hicks, Chris Sarandon, Alex Vincent, Tyler Hard, Ted Liss
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Distributeur : UIP (United International Pictures)
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h27mn
- Box-office : 143 136 entrées France / 33 244 684 $ (USA)
- Titre original : Child's Play
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 5 avril 1989
- Festival : Festival d’Avoriaz 1989
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– Sortie du DVD et du combo DVD + Blu-ray : le 5 juin 2018
Résumé : Pour ses six ans, Andy Barclay est comblé, sa mère lui fait cadeau d’une poupee parlante, joufflue à souhait nommée Chucky. Andy est fou de sa poupée et lui seul connaît son secret. Chucky sait faire bien des choses, elle est même capable de tuer...
Notre avis : Premier volet d’une série qui compte aujourd’hui sept variations, Jeu d’enfant affiche dès les premières minutes son postulat de base, absurde certes, mais au fond pas plus que celui des Griffes de la nuit : un méchant très méchant, incarnation semi-réussie du Mal, transfère son esprit dans le corps d’une poupée au moment de mourir. Évidemment, il cherche à se venger de l’acolyte qui l’a trahi et du policier qui l’a tué, traversant pour assouvir sa cruauté différents lieux emblématiques (l’appartement de Karen, qui l’a offert à son fils Andy, mais aussi les bas-fonds de Chicago, un hôpital qui ressemble à une prison archaïque et d’autres logements miteux). Le scénario échafaude ainsi une cartographie limitée mais propice à des surgissements brutaux qui relancent régulièrement l’intérêt.
Ce n’est pas par sa mise en scène que le film brille particulièrement : même si on s’amuse d’une référence à Shining, Tom Holland travaille plutôt des motifs classiques (caméra subjective, irruption dans le champ) avec un souci de l’efficacité plutôt que de l’innovation. En ce sens d’ailleurs, et parce que le métrage est court, le pari n’est pas loin d’être gagné. Mais c’est surtout le scénario de Don Mancini, véritable artisan du succès de la franchise, qui explique l’engouement hors-normes pour Chucky (44 196 684 $ dans le monde pour un budget de 9 000 000 $) : ramassé, il évite les temps morts et multiplie les climax qui sont autant de séquences réjouissantes ; l’attaque dans la voiture, la poursuite dans l’hôpital ou dans l’appartement, et, évidemment, les différentes interventions de la poupée. Plus encore, ses remarques sarcastiques, encore timides dans ce premier volet révèlent un potentiel que les suites développeront avec plus ou moins de succès, jusqu’à la parodie. Elles sont surprenantes (la première réplique que Chucky adresse à Karen mérite de figurer dans les annales) et donnent à cette série B une originalité en germe.
De même certaines trouvailles, comme la découverte des piles dans l’emballage, apportent-elles un peu de fraîcheur à une ligne narrative légèrement convenue. Mais en creux, le film distille une vision singulière de la société américaine qui dépasse le simple cadre : ainsi du merchandising autour des jouets, dénoncé de manière jubilatoire dans les premières minutes. Plus subtilement, le scénario tend à ridiculiser le personnage masculin, le détective Mike Norris, perpétuellement ahuri, dépassé ou impuissant : s’il porte le coup fatal à Chucky, il passe le plus clair de son temps dans la dernière séquence évanoui. Le temps n’est plus du héros protecteur et rassurant : son arme même est, sauf encore une fois à la toute fin, inefficace. Il y a là un embryon de parodie qui sert aussi à mettre en valeur la détermination de Karen, prête à tout pour sauver son fils. Sournoisement, Jeu d’enfant enregistre un féminisme fondé sur le courage des mères célibataires et l’absence des pères, fussent-ils de substitution.
Ne crions pas au chef-d’œuvre : le film manque d’ambition et d’ambiguïté. Sur un sujet pareil, il aurait pu travailler plus profondément la peur primaire et enfantine, nuancer des caractères tout d’une pièce, être plus audacieux dans la représentation de la violence. Tel quel, il demeure pourtant un spectacle bien fait, constamment plaisant à défaut d’être enthousiasmant.
Les suppléments :
Les poupées maléfiques (17mn) est une histoire érudite et passionnante de ce motif dans l’histoire du cinéma, doublée d’une analyse fine et enthousiaste du film, et même au-delà. C’est ensuite Caroline Vié qui revient sur la saga, depuis l’origine « réelle », Robert, jusqu’à la dernière séquelle ; beaucoup d’infos, un même enthousiasme et quelques redites (16mn). À son tour, le cinéaste, Tom Holland, évoque la genèse et la réalisation de ce premier opus, avec verve, précision et sans excès de modestie (20mn). Enfin, la bande-annonce d’origine en VO achève de rendre ces bonus indispensables.
On peut ajouter que l’édition limitée comporte un livret de 24 pages et que le film est précédé d’une très courte salutation de Tom Holland.
L’image :
Le DVD respecte l’esthétique vaporeuse des années 80 et sa précision qui nous paraît aujourd’hui insuffisante. De rares accrocs (micro-parasites, plans plus flous) n’empêchent pas cette copie globalement propre et stable, avec ses couleurs et teintes fidèles, de devenir la référence qu’on attendait.
Le son :
Les deux pistes (VO et VF sous-titrée DTS-HD 2.0) sont claires et sans défauts ; la première est légèrement plus étouffée que la seconde, mais plus savoureuse, notamment dans les interventions de Chucky.
Galerie Photos
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