Le 27 mars 2020
Une seconde chance pour ce film très noir et soigné, passé injustement inaperçu.
- Réalisateur : Michael Pearce (II)
- Acteurs : Geraldine James, Johnny Flynn, Jessie Buckley
- Genre : Thriller
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : BAC Vidéo, ESC Éditions
- Durée : 1h47mn
- Box-office : 14.918 entrées France en 15 jours (* en cours d'exploitation)
- Titre original : Beast
- Date de sortie : 18 avril 2018
- Festival : Festival du film Policier de Beaune
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– Sortie DVD : le 21 août 2018
Résumé : Sur l’île de Jersey, une jeune femme tombe amoureuse d’un homme mystérieux. Cette rencontre la pousse à fuir sa famille tyrannique. Alors que l’homme est soupçonné de plusieurs meurtres, elle le défend aveuglément.
Notre avis : Avouons-le, au vu du résumé, on traînait un peu les pieds pour voir ce premier film d’un inconnu, même si le titre évoquait la possibilité d’un dépaysement toujours agréable. On avait tort. Non pas que Beast (quelle drôle d’idée de le « traduire » par Jersey affair…) révolutionne le genre, mais il est nettement au-dessus du tout-venant, et ce dès le début : quelques plans idylliques de l’île (la mer, les promeneurs, le ciel bleu) déjà gâchés par des gerbes déposées autour d’une photo. Et la musique qui monte se voit concrétisée par une chorale dirigée de main de maître par, on l’apprendra très vite, la mère de Moll. L’harmonie qui semble acquise est troublée par une interruption et un reproche adressée à sa fille. Cut de nouveau : c’est l’anniversaire de Moll, elle est devant le buffet, seule, et sa sœur attire l’attention pour annoncer qu’elle attend des jumeaux. Champagne. Pas pour Moll, évidemment.
- Copyright Bac Films
Si tout dans le film n’est pas aussi habile, ce début économe attire l’attention par sa maîtrise et son impeccable tranchant. Voilà donc une jeune fille victime d’une famille étouffante, obligée de s’humilier et de s’excuser en permanence. Le frère et la sœur ne sont pas plus reluisants que la mère et quand Moll rencontre Pascal le rebelle, le spectateur épouse sa noble cause et se réjouit d’une vengeance méritée. Cependant, par des détails quelquefois subtils, le cinéaste suggère qu’autre chose se cache derrière des apparences trop simples. On aurait aimé détester la mère qui profite d’une « faute » de sa fille pour la maintenir sous sa coupe à perpétuité. On aurait adoré voir écraser la sœur tellement parfaite. Mais, si les occasions en sont offertes, le film bifurque vers une direction différente, qu’on ne révélera pas mais qui comporte son lot de surprises jusqu’à une fin, sinon inédite, du moins impressionnante.
- Copyright Bac Films
Pourtant, c’est plus par un soin des détails que Beast imprime sa marque : le scénario très classique joue à parsemer des indices récurrents (le poil dans le cou, la répétition de « je suis normale », l’« odeur » de Pascal ou du policier) qui fonctionnent autant comme signes concrets que comme symboles. Quant à la mise en scène, si elle abuse d’un style très courant aujourd’hui (défilé de gros plans, absence de profondeur de champ, affadissement des couleurs), elle sait jongler avec des clichés (le bonheur représenté par le bord de mer) pour mieux signifier la fausseté de la situation et, dans le meilleur des cas, tirer partie d’une scénographie efficace.
- Copyright Bac Films
Tout en tension, et la musique y contribue, renforcé par des séquences brutales dont certaines, comme l’entrevue avec l’ancienne victime de Moll ou les funérailles d’une jeune fille assassinée, restent à l’esprit, le film déroule son intrigue qui ne cesse de mettre à nu des secrets ambigus. Les apparences se déchirent peu à peu, dévoilant une réalité des plus noires : comme le titre l’indique, comme le souligne un dialogue sur les animaux sauvages, la bête est présente en chacun. Tous les personnages sont en effet porteurs d’abîmes de violence, morale ou physique, éclatant de part en part jusqu’au malaise et le cinéaste semble suggérer que, à l’instar de Moll, nous sommes tous des orques rendues folles par la captivité d’une société contraignante, prêtes à éclater, à nuire, à tuer. Glaçant.
- © 2018 Bac Films Tous droits réservés.
Le Test DVD
Les suppléments :
L’image :
On est dans la moyenne haute d’un transfert fidèle et soigné ; les scènes nocturnes montrent bien les noirs profonds et la très bonne définition.
Le son :
Il y a très peu d’effets choc propres à faire trembler une installation, mais on saisira tout des dialogues et on sursautera quand il le faut, l’essentiel est là. Pour ceux qui sont allergiques à la VO, la VF est bien faite.
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