Le 23 août 2018
Allergiques s’abstenir : l’un des plus délirants festivals de Jerry Lewis.
- Réalisateur : Frank Tashlin
- Acteurs : Glenda Farrell, Everett Sloane, Jerry Lewis, Susan Oliver, Karen Sharpe
- Genre : Comédie
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h29mn
- Box-office : 1 434 122 entrées France / 324 595 Paris Périphérie
- Titre original : The Disorderly Orderly
- Date de sortie : 3 mars 1965
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Résumé : Jerôme Littlefield est infirmier dans une clinique huppée de Los Angeles. Malgré son envie de bien faire, il enchaîne les maladresses.
- (C) Paramount Pictures
Notre avis : Si on n’aime pas Jerry Lewis, dès les premières minutes, la seule solution est la fuite : il commence à grimacer dans la première séquence, dans une introduction très curieuse sur le courage, et ne cessera plus ; il est quasiment de tous les plans, portant sur son corps et son visage une suite de souffrances inouïes et d’une belle diversité. Car, quoi qu’il entreprenne, même la plus improbable des catastrophes ne peut manquer d’arriver. Le délire qui accompagne cette suite de sketches révèle une invention constante : même si on n’aime pas, la vérité impose de dire que le festival de trouvailles n’a pas beaucoup d’équivalent dans le burlesque. Il faut aussi dans cette suite de loufoqueries oublier son esprit logique : contrairement à Tati ou Etaix, auxquels on pense par moments, le film de Tashlin va très loin dans le non-sens. Qu’il se fasse battre à la course par un escargot, qu’il ouvre un téléviseur qui déverse une tempête de neige, ou qu’il entortille des spaghettis autour d’une fourchette, Lewis affronte un monde hostile loin d’un réalisme gentiment décalé ; on est plus proche du cartoon avec ses excès démentiels que d’une comédie sage.
Lewis n’est jamais meilleur que dans des espaces fermés, avec des personnages et des objets auxquels il peut se confronter en « huis-clos ». Que ce soit dans le jardin ou dans le bâtiment, chaque séquence est le prétexte à épuiser des situations : car le trait n’est jamais léger ; qu’une dame raconte ses douleurs au détriment de Jérôme, elle ne s’en tiendra pas à deux ou trois mots : les descriptions impitoyables s’enchaînent en un crescendo puissant. Rien n’est allusif, tout est souligné, exploité jusqu’au bout. On comprend que certains puissent trouver trop lourds ces gags étirés qui ne font pas toujours rire. Mais pour les amateurs, c’est un régal. Ainsi quand l’infirmière allongée sur un canapé réagit aux décisions concernant Jérôme, ses mimiques agaceront ou susciteront l’hilarité.
Il y a bien quelques faiblesses, et la course-poursuite finale, plutôt réussie dans son ensemble, tire un peu à la ligne. Mais l’impeccable succession de gags énormes épate à chaque vision. Avec son personnage de victime émotive, Lewis a créé un type singulier, contre lequel le monde ne cesse de se liguer, un corps souffrant, perpétuellement martyrisé. Son originalité, malgré l’héritage évident du burlesque muet, trouve dans ce film une expression idéale, tant le feu d’artifice d’idées semble inépuisable.
- (C) Paramount Pictures
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