Le 15 juin 2022
Quand la lutte communiste contre la dictature Pinochet au Chili se mêle d’amour et d’amitié, cela donne un film touchant et bourré de délicatesse.
- Réalisateur : Rodrigo Sepúlveda
- Acteurs : Julieta Zylberberg, Alfredo Castro, Amparo Noguera, Leonardo Ortizgris
- Genre : LGBTQIA+, Drame historique
- Nationalité : Argentin, Chilien, Mexicain
- Distributeur : Outplay Distribution
- Durée : 1h33mn
- Titre original : Tengo miedo torero
- Date de sortie : 15 juin 2022
- Festival : Festival de Venise 2020
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– Année de production : 2020
Résumé : Chili, 1986, en pleine dictature de Pinochet. Par amour pour un révolutionnaire idéaliste qu’il vient de rencontrer, un travesti sur le déclin accepte de cacher des documents secrets chez lui. Ils s’engagent tous deux dans une opération clandestine à haut risque.
Critique : Cela commence par une fête. Des travestis s’adonnent à un spectacle de chansons dans une ambiance légère et joyeuse. Jusqu’au moment où des soldats chiliens débarquent dans le club clandestin pour empêcher ceux qu’ils appellent des "tapioles" de s’amuser et les disperser dans la rue. Un coup de feu est tiré, une artiste est tuée et l’héroïne du film, la Loca del Frente, est in extremis sauvée par un spectateur, Carlos.
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Je tremble ô matador est un long-métrage original qui concilie deux récits en même temps : celui d’une relation amoureuse discrète qui se construit peu à peu entre la Loca et Carlos, et l’instrumentalisation de cette relation par ce dernier, au service de son combat militant contre la dictature militaire qui terrorise le peuple au Chili. Pour une fois dans ce style de récit, il y a beaucoup de pudeur. Rodrigo Sepúlveda choisit un rythme simple, épuré, il refuse toute emphase de la mise en scène. La narration s’inscrit dans la réalité d’un pays soumis à l’autoritarisme politique, sans jamais chercher à exagérer les persécutions qui s’y déroulent. Même la relation entre les deux protagonistes refuse toute forme de voyeurisme. La Loca del Frente est un travesti vieillissant, et Carlos un jeune homme séduisant, mais très loin des clichés d’un certain cinéma gay. L’important pour le réalisateur demeure la façon dont le lien se construit entre les deux amis, chacun étreint par des sentiments complexes et ambivalents.
- Copyright Outplay
Je tremble ô matador est d’abord un très joli film sur la lutte des minorités pour faire valoir leurs droits, dans le contexte de la dictature chilienne. Le long-métrage emprunte une photographie vieillissante qui rappelle le grain des films des années 80. L’enjeu est de restituer le climat si particulier de cette décennie, sans en rajouter dans l’esbroufe des couleurs, des sons ou de la mise en scène. Le long-métrage rappelle avec beaucoup de dignité le combat des minorités sexuelles pour accéder à la liberté, et celui de tout le peuple chilien pour se délivrer du joug militaire. La relation entre les deux protagonistes tient lieu presque d’opportunité pour rappeler au spectateur que la liberté de pensée, de s’exprimer et de vivre son identité ne va pas de soi.
- Copyright Outplay
Je tremble ô matador est très loin d’une romance superficielle. En réalité, derrière cette relation amoureuse, Rodrigo Sepúlveda rend un hommage profond aux batailles que nombre de générations ont menées ou continuent de mener pour faire valoir leur liberté. Si la narration peut séduire de nombreux spectateurs avides de récits romantiques et sensibles, ils n’en seront pas moins touchés par le propos militant du film.
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