Le 21 juin 2016
La vie, l’amour, la mort façon belge. Entre noirceur extrême et ambiance insolite, le message sur cette relation mère-fils extrême n’est pas immédiatement identifiable.
- Réalisateur : Xavier Seron
- Acteurs : Jackie Berroyer, Myriam Boyer , Serge Riaboukine, Jean-Jacques Rausin, Fanny Touron
- Nationalité : Belge
- Date de sortie : 6 juillet 2016
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Résumé : Michel Peneud va mourir. Comme vous, comme moi, et comme sa mère, sauf que sa mère, c’est son médecin qui le lui a dit. Alors elle a décidé de vivre. Et vivre pour la maman de Michel Peneud, ça veut dire nourrir ses chats, boire du mousseux comme si c’était du champagne, et aimer Michel. Mais cet amour, Michel le trouve parfois un peu encombrant. A tel point qu’il semble soudain développer des symptômes très proches de ceux de sa mère. Et si Michel avait lui aussi un cancer du sein ?
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Notre avis : Après plusieurs courts métrages dont le très apprécié L’Ours noir et quelques années plus tôt Mauvaise lune, dans lequel il avait déjà embarqué son pote Jean Jacques Rausin, Xavier Seron, pour ce premier long-métrage, se lance avec fougue dans une farce pleine de dérision sur la maladie et la mort à travers le regard d’un trentenaire attardé qui s’imagine perdre sa vie en même temps qu’il perd sa mère. Il s’appelle Peneud, Michel Peneud. Vous conviendrez d’emblée que ce n’est pas un départ facile dans la vie, un nom pareil. Tous ses copains d’enfance l’ont surnommé Michelin. Mais ce n’est pas tout. Il n’y a pas que ce patronyme improbable qui lui colle à la peau. Son plus lourd fardeau, c’est la relation fusionnelle qu’il entretient avec sa mère qui vit recluse chez elle, entourée de chats qu’elle imagine être les frères de son fils. Ainsi vampirisé, Michel ne parvient pas à trouver son indépendance, coincé entre sa génitrice (elle n’hésitera pas à les rejoindre dans leur lit en pleine nuit) et sa petite amie qui, lassée de son indécision, finira par le quitter. Quand Michel décide de placer sa mère en maison de convalescence et de vendre la maison, il perd ses cheveux et une grosseur lui pousse dans la poitrine. La psycho-somatisation est telle qu’il est sûr d’avoir attrapé le même mal qu’elle, il est foutu, il en est certain.
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Le cancer et la mort, ça ne prête guère à rire. Et pourtant en décidant de dédramatiser ces sujets graves, Xavier Séron fonce tête baissée dans une loufoquerie assumée : dialogues hors normes, jeux de mots décalés, scènes lourdes de malaises pourtant risibles. Le choix du noir et blanc, qui risque d’en rebuter certains, permet de restituer toute l’âpreté des situations. Le décompte mortel est découpé en 5 saynètes aux titres évocateurs, histoire de présenter plusieurs déclinaisons de la mort à venir et catapulte ses héros dans un univers de bizarrerie de plus en plus accentué. C’est alors que la mise en scène s’engouffre dans une fantasmagorie débridée, illustrée d’images à connotation religieuse (le dernier tableau est carrément excessif), nous entraînant dans une ambiance trop réductrice pour être accessible et convaincante. De la même manière, le réalisateur n’épargne aucune de ses névroses à ses comédiens.
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Fort heureusement, leur jeu d’une extrême justesse permet d’assurer un semblant d’équilibre à ces personnages déjantés. Qui d’autre que Jean Jacques Rausin, son pote de toujours, aurait pu incarner avec autant de vérité ce pathétique homme des bois chevelu et barbu à la fois énervant de mollesse et touchant de poésie ? Quant à Myriam Boyer, elle se glisse avec la grâce qu’on lui connaît dans la peau de cette femme alcoolique et à demi-folle. Entourés de la jeune et jolie Fanny Touron et du toujours sympathique Serge Riaboukine, éléments stabilisateurs de cette fine équipe, ils sont la colonne vertébrale de cette œuvre qui, à défaut de séduire le grand public, devrait permettre au cinéma belge, d’accueillir, dans la catégorie humour noir déjanté, un nouveau membre, cousin proche du duo Delépine/Kervern. A réserver aux cinéphiles convaincus, ou aux amateurs de surréalisme.
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