Horreur vache
Le 7 juin 2006
Minimum d’effets et maximum de talent, un film qui parvient à nous foutre les foies avec des génisses. Flippant.
- Réalisateur : Billy O’Brien
- Acteurs : Essie Davis, Sean Harris, Marcel Iures
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Britannique, Irlandais
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– Durée : 1h34mn
– Lire notre interview de Billy O’Brien
Avec un minimum d’effets et un maximum de talent, l’Irlandais Billy O’Brien signe un film qui parvient à nous foutre les foies avec des génisses. Flippant.
L’argument : Un fermier irlandais au bord de la faillite accepte qu’un généticien tente quelques expériences sur ses vaches. Il pleut, il fait nuit, on est paumé dans une veille ferme, et ce qui sort du ventre des bestiaux n’est pas beau à voir...
Notre avis : L’attaque des vaches mutantes, avec dans le rôle des héros un fermier, une véto, un gitan et sa copine, flanqué d’un scientifique fou... ça vous fait marrer ? Ça ne va pas durer. Isolation, grand prix du jury et de la critique du dernier festival de Gérardmer, est une bonne surprise dans un paysage du film d’horreur en pleine mutation. C’est pourtant, dans le fond, un film sans grande originalité, un film de genre qui, en suivant à la lettre les préceptes du foutage de boule, arrive souvent à ses fins. Isolation, c’est un peu le Alien de la lande irlandaise. Un petit groupe de victimes potentielles paumées au milieu de nulle part, et qu’on n’entendra pas crier, poursuivies ou à la poursuite d’une bestiole méchante comme tout, et qui, évidemment, ont le chic pour se mettre là où on n’y irait jamais se mettre.
Là où Billy O’Brien fait fort, c’est dans le choix de sa bête, dont on ne vous dira rien d’autre que sa provenance : le ventre d’une vache, et sa cause : les expérimentations dangereuses d’un généticien suspect. S’inspirant de ses souvenirs personnels, le réalisateur parvient à rendre une grange, une machine à traire les vaches, une fosse à purin plus qu’inquiétantes. La science du cadrage, la photo et les jeux de lumières (noir c’est noir), O’Brien, avec très peu d’effets monstrueux, installe une réjouissante angoisse sur son univers.
Le réalisateur sait que rien n’est plus effrayant que ce qu’on ne voit pas. Sans en abuser, il multiplie les gros plans, les angles morts et les scènes où seuls les indices nous font nous inquiéter pour l’intégrité physique des personnages : une immersion dans l’eau, une simple trace douteuse sur le sol, etc.
Ses personnages, justement, voila ce qui fait enfin la force d’Isolation. Mis à part le scientifique, sorte d’exercice de style à lui seul, incontournable du film d’horreur moderne (la science et les dérives du progrès sont depuis bien longtemps les pires cauchemars de l’humanité), les héros d’Isolation sont des gens modestes, plutôt bien incarnés, dont on sent la simplicité et la fragilité. Pas des gros bras crameurs de bestiaux. Ils ont vraiment les jetons, et on y croit.
Sans révolutionner le genre, Isolation montre donc qu’on peut encore faire de bons films d’horreur en se reposant sur les vieilles recettes du film de genre, en les pimentant de réalisme et, surtout, en soignant la mise en scène. Un exercice ludique et efficacement effrayant, justement récompensé à Gérardmer.
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