Le 16 août 2018
- Scénaristes : Sylvie Gaillard>, Frank Woodbridge>
- Dessinateur : Kolonelchabert
- Genre : Drame
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 30 mai 2018
- Durée : 1
Inversion nous fait partager la dépression de Paul Beaulieu, musicien freelance qui a du mal à décrocher des contrats et qui vient surtout de se faire plaquer par Clara. Paul, sous antidépresseurs, s’enfonce peu à peu dans une spirale infernale et dangereuse où rêve et réalité se confondent.
Résumé : Cette BD nous fait entrapercevoir les rouages de la chute d’un homme, le petit pas qui rend le rêve plus attrayant que la réalité. Malgré les soutiens de ses amis, Paul perd doucement tout lien avec la réalité, contrairement au lecteur !
Les rêves de Paul sont marqués d’emblée par une teinte différente, plus chaleureuse, plus jaune, tandis que la morne réalité est teintée d’un bleu froid. Ces deux ambiances reflètent parfaitement le problème de Paul ; elles sont l’exacte vision qu’il a de sa vie. Triste et froide pour le réel et chaude et belle pour le rêve.
Et c’est bien là le problème de ce personnage, la cause qui va le tirer de plus en plus dans les rêves. Ce qui nous paraît dommage, c’est le contrecoup de ce choix de couleurs. En effet, si Paul bascule, le lecteur n’est pas perdu. Passée la première surprise, on saisit assez vite le fonctionnement de cette belle idée.
Du coup, nous restons toujours en-dehors de la tête de Paul et gardons la notre sur nos épaules. L’identification est donc rendue d’autant plus difficile avec ce personnage qui s’éloigne peu à peu du réel mais surtout de nous.
Identification encore plus ardue car Paul n’est pas seul, il a deux fidèles amis qui font tout pour l’aider, ainsi qu’une belle inconnue, Nina, qui se prend de sympathie pour lui. Le personnage de Nina est le seul à garder d’ailleurs une part de mystère. Au travers de quelques phrases, elle sous-entend des choses qui lui permettent de comprendre l’épreuve traversée par Paul, mais on n’en saura jamais plus. Et cette part de mystère rend ce personnage fort intéressant. Qu’est-ce qui peut bien la pousser à tant de dévotion envers un homme qui est presque un inconnu pour elle ?
Les rêves de Paul, boostés par les antidépresseurs, sont très réels. Effectivement, si le cerveau n’invente rien et réutilise des souvenirs pour créer des mondes oniriques, à nos yeux, il manque à ces mondes cette petite imperfection, ce petit rien, ce meuble qui n’est pas à sa place, cette affiche qui n’est pas la même, qui fait que l’œil attentif réalise qu’on rêve mais que le rêveur pris dans la fausse normalité de son rêve, ne remarque pas forcément.
Graphiquement, le travail de Kolonelchabert est impressionnant. Partant d’un trait réaliste, mais y ajoutant une ligne de dessin trouble, jamais droite, faussement imparfaite, il illustre la vie périclitante de Paul. Les personnages ne sont jamais vraiment dessinés de manière tranchées, gardant cette souplesse et du coup, cette fragilité de trait, reflétant la fragilité d’esprit.
Notons que Frank Woodbridge, un des deux scénaristes, a servi de modèle au personnage de Paul.
Les couleurs de Renaud Angles très tranchées, apportent sens à la BD par ce choix des deux teintes majeures mais savent aussi se diversifier dans la palette utilisée pour créer une richesse dans cet appartement qu’on ne quitte pratiquement jamais.
Ce récit complet traite d’un problème important, la dépression et aussi de l’effet des antidépresseurs, tout en nous laissant malheureusement extérieur au personnage. Cette clé donnée aux lecteurs pour garder la main-mise sur l’histoire arrive peut-être un peu trop tôt, selon nous.
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