Ils sont vivants - Jérémie Elkaïm - critique

Critique : Elle pourrait compter parmi les gilets jaunes qui ont tant défrayé la chronique. Aide-soignante dans un service de gériatrie, elle enterre son mari dans une scène des plus burlesques d’ailleurs où le caveau trop grand ne parvient pas à rentrer dans le trou du cimetière. La vie de Béatrice s’articule désormais autour de son fils adolescent et sa mère, jusqu’au jour où le hasard la conduit dans les bas-fonds de Calais où vivent entassés, dans une extrême misère, des centaines de migrants.

Copyright Memento Distribution

Ils sont vivants aborde un sujet délicat. Celui des migrants certes, mais surtout celui du clivage dans la société calaisienne entre les bénévoles œuvrant pour leur survie et les autres qui cultivent, sinon un rejet, en tous les cas un ras-le-bol ouvert contre cette pauvreté à la porte de leurs maisons. La comédienne Marina Foïs incarne cette mère veuve avec une intégrité assez bluffante. Le maquillage, les costumes font craindre rapidement un portrait caricatural d’une femme issue des classes populaires. On s’effraye des attitudes assez stéréotypées du personnage, mais, peu à peu, elle devient une femme complexe, digne, qui échappe à la radicalité. Le scénario dépeint la construction de la relation entre cette femme qui a toujours vécu avec un homme plus âgé et cet Iranien attiré par les côtes britanniques et l’on craint de nouveau la faute de goût. Mais le miracle existe. Le spectateur se laisse entraîner dans un récit fort, vraisemblable, où les protagonistes pourraient être un peu nous-mêmes dans le quotidien de nos existences.

Copyright Memento Distribution

Ils sont vivants n’est pas un film politique pour ou contre les flux migratoires. Il raconte l’amour tel qu’il peut survenir dans une vie. Il narre aussi la nécessité de lutter contre ses préjugés, de se laisser aller à la magie des relations humaines. Le combat bénévole dans lequel Béatrice s’engage est celui de nombreux hommes et femmes qui donnent un sens à leur existence en rendant moins difficile l’exil de ces gens. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un immense film. Mais le premier long métrage de Jérémie Elkaïm derrière une caméra est louable et nous laisse espérer que d’autres films suivront.