Le travail c’est la santé ?
Le 8 février 2006
Une réflexion émouvante et pertinente sur un mal d’aujourd’hui : la souffrance dans le travail.
- Réalisateurs : Marc-Antoine Roudil - Sophie Bruneau
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Français
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– Durée : 1h20mn
Une réflexion émouvante et pertinente sur un mal d’aujourd’hui : la souffrance dans le travail.
L‘argument : Ouvrière, directeur d’agence, aide-soignante ou gérante de magasin, quatre personnes racontent leur souffrance au travail.
Notre avis : Digne mais la voix emplie d’émotion, Madame Alaoui lâche : "Je suis devenue une machine." Ouvrière sur une chaîne de montage, son témoignage ouvre ce documentaire sur un mal invisible mais bien présent : la souffrance au travail. C’est à la suite de la lecture du livre Souffrances en France de Christophe Dejours [1] que Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil ont décidé d’aborder de façon cinématographique ce délicat problème qui ronge insidieusement notre société. Mais comment rendre à l’écran une souffrance qui ne se voit pas ? Filmer sur le lieu de travail étant impossible, les deux réalisateurs ont choisi de se rendre aux consultations spécialisées qui se sont ouvertes dans trois hôpitaux publics où psychologues et médecins écoutent et aident ces hommes et ces femmes malades de leur travail.
Si le dispositif filmique peut au premier abord faire peur (les quatre témoignages sont filmés en huis clos, caméra fixe), il se révèle en réalité très efficace. Les longueurs créant une certaine dramaturgie servent parfaitement le propos du film et permettent au spectateur d’entrer pleinement dans chaque histoire et de la comprendre à partir de faits bruts. Sans aucun voyeurisme, Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés cherche à faire enfin entendre les appels au secours de quatre personnes venant d’horizons différents et dont les souffrances font écho à tant d’autres. Hommes, femmes, ouvriers ou cadres, ils sont tous au bout du rouleau, comme on dit.
Mais le grand mérite de ce documentaire, outre l’émotion qu’il suscite, est d’aboutir à une réflexion. En effet, pour prolonger la parole de ces témoins, Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés se clôt sur une réunion entre Christophe Dejours et les trois praticiens dont nous avons suivi le travail. De leur discussion se dégage une question qui sous-tend tout le documentaire : à travers cette nouvelle organisation du travail (où obéissance, rendement et individualisme semblent être devenus les maîtres mots) quel type d’homme fabrique notre société ? Si le fruit de leur réflexion est effrayant, il permet enfin de mettre à la lumière un problème qui, malheureusement, ne semble pas près de s’arrêter.
[1] Editions du Seuil
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