Le 28 avril 2019
Un jalon intéressant dans le cinéma d’angoisse français. Pas totalement abouti, mais certaines scènes sont réellement terrifiantes.
- Réalisateurs : Xavier Palud - David Moreau
- Acteurs : Olivia Bonamy, Michaël Cohen, Alexandru Boghiu
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h18min
- Date de sortie : 19 juillet 2006
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Résumé : Lucas et Clémentine, un couple trentenaire expatrié en Roumanie, habite depuis peu une maison isolée en banlieue de Bucarest. Elle, professeur de français, lui, romancier, vivent un bonheur paisible. Pourtant, un soir, dans leur maison, tout va basculer. La pluie battante fait rage à l’extérieur. Le téléphone retentit, des voix lointaines au bout du fil, incompréhensibles. Le couple n’est pas seul. Le cauchemar commence. ILS sont là...
Notre avis : Un long métrage français qui fait peur ? Depuis une quinzaine d’années, enfin, le cinéma hexagonal se plaît à explorer un genre qui ne lui a pas historiquement réussi. Et si notre pays nourrissait un complexe vis-à-vis de la production anglo-saxonne, laquelle, il faut bien le dire, a très tôt proposé des films d’angoisse de qualité ? Curieux. Certes, d’aucuns diront : "Et Les diaboliques ? Et Harry, un ami qui vous veut du bien ? Et Les yeux sans visage ? Et, ces dernières années, Grave, Martyrs, pour ne citer qu’eux ? "... oui bien sûr, mais ce sont des oasis assez isolées dans un désert de films ratés. Et puis, peut-on parler d’horreur pure en évoquant ces longs métrages ?
La peur viscérale, immotivée, le cinéma français l’a longtemps cherchée... et de ce point de vue, Ils constitue un jalon intéressant, peut-être un peu trop sous influence, mais sérieux et soucieux de filer les jetons à chaque plan. L’histoire met en scène un couple français, Clémentine et Lucas, qui vit dans une maison isolée, en pleine forêt. Elle, c’est une prof récemment mutée à Bucarest, qu’on suit dictant un texte à ses élèves, puis discutant dans les couloirs avec une collègue après le cours. Seul moment de calme dans le récit. Car le reste distille une peur sans temps mort...
Cette angoisse nous prend à la gorge dès la séquence d’ouverture. On y voit une mère et sa fille, côte à côte dans une voiture, roulant la nuit en pleine forêt. Visiblement, les relations sont conflictuelles. Le ton monte rapidement entre les deux personnages, jusqu’à l’accident qui met le véhicule hors d’état de marche.
La panne en pleine nuit dans un lieu désert. Un cliché du film d’angoisse. Ce ne sera pas le seul de l’histoire, mais force est de constater qu’il est très habilement exploité, et qu’on sursaute. Car, tandis que l’adolescente demeure dans la voiture, à moitié boudeuse, la mère s’affaire sous le capot, qui la cache. Habile effet
de mise en scène. On ne la voit plus, et on ne la reverra pas. Lorsque jugeant le temps un peu long, la fille sort pour prendre des nouvelles, il n’y a plus trace de vie, et la voilà seule au milieu des bois. Comme elle est un peu nunuche, et qu’elle n’a pas emporté son bréviaire du film d’horreur, elle s’enferme dans la voiture, pensant que le danger est extérieur. Mais on sait que dans les bagnoles, la menace vient toujours du siège arrière... il suffit de voir Halloween, hein, parmi tant d’autres ! Auparavant, l’héroïne aura bien tenté de prévenir les urgences, mais en vain...
Quel rapport avec le couple ? Eux, et la forêt. La fille et la mère ont été tuées non loin de la maison où Clémentine et Lucas résident. D’ailleurs, lorsqu’elle rentrera du travail à la fin de la journée, la jeune femme verra la voiture tractée par une dépanneuse. Ironie du suspense : nous savons qu’il y a maintenant un lien, et que la menace plane sur les deux personnages. Mais eux l’ignorent encore.
A ce stade du récit, on devine déjà que le drame reposera sur une intrusion, car cette demeure angoissante qu’occupent les personnages est livrée aux quatre vents. Très facile de l’investir et d’y semer la panique. La seule interrogation qui taraude le spectateur à ce moment de l’histoire est : comment ? Comment cela va-t-il arriver ?
Le plus prosaïquement du monde, comme dans tout film d’angoisse qui se respecte. En pleine nuit, alors que les occupants dorment. Clémentine est réveillée par un bruit qui n’est pas un vacarme assourdissant. Simplement une musique. Cela vient de l’extérieur. Le mari dort encore, s’extirpe avec difficulté de son sommeil quand la femme est déjà en alerte, et nous communique son angoisse. A partir de là, le piège est en marche. "Ils" sont là, présents, ne les laisseront plus en paix. La grande force du film, à ce moment, est de ne plus lâcher la peur du spectateur. Pas de temps mort. On dilate les scènes où les personnages explorent les recoins de la maison à la recherche des "ennemis". Longs couloirs sombres, escalier tournant, télévision éteinte qui s’allume... tous les ingrédients du genre sont là, mais ça marche quand même, d’autant que les étranges bruits hors champ renforcent l’incertitude : qui agit ? Bien sûr, la suite se résume à ce que certains peuvent considérer comme une sempiternelle course-poursuite. Il s’agit de "les" semer. Alors on voit Clémentine et Lucas abandonner leur maison, trouver refuge dans la forêt, à l’abri des buissons, que des faisceaux de lumière balaient. Comme des bêtes traquées, ils halètent, respirent bruyamment. La caméra les suit, dans une mise en scène très "blairwitchienne"... ça bouge pas mal, l’effet de réel est même un peu trop ostensible, facile.
La chasse s’achève dans des souterrains glauques qu’une lumière granuleuse et crasseuse éclaire. Que va-t-il advenir ?
Olivia Bonamy et Michaël Cohen servent tout à fait correctement cette histoire terrible, inspirée d’une légende urbaine. On en sort plutôt mal à l’aise, pas totalement convaincu non plus par la qualité de certaines scènes, mais tout de même rassuré par la capacité que le cinéma français a de traiter l’angoisse et ses conséquences. Depuis, la production hexagonale a encore accompli de réels progrès.
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