Le 6 mars 2020
Un vieil homme au pied d’un arbre se remémore les derniers moments importants de sa vie. Une belle narration poétique sur fond d’après-guerre dans la forêt yougoslave.
- Réalisateur : Gregor Božič
- Acteurs : Anita Kravos, Janez Škof, Ivana Roščić
- Genre : Drame
- Nationalité : Slovène
- Durée : 1h21min
- Titre original : "Zgodbe iz kostanjevih gozdov" ou "Stories from.the chesnut woods"
- Festival : Festival À l’Est
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Résumé : Quelques années après la seconde guerre mondiale, quelque part dans la forêt yougoslave près de la frontière italienne, un vieil homme, Mario (Massimo de Francovich) attend au pied d’un arbre la navette, une charrette, pour rentrer chez lui. Pendant le transport, il se remémore les derniers moments importants de sa vie : le soutien à son épouse malade Dora (Giusi Meli) et sa rencontre par hasard avec la dernière châtaignière en exercice Marta (Ivanz Roščić).
Notre avis : Le récit se développe selon une construction en flashback, dite "narration circulaire". Chaque scène amène donc un élément nouveau à la compréhension de l’histoire de Mario. Présentées comme des tableaux vivants, les scènes soit réelles, soit construites à partir de souvenirs réinventés ou encore rêvés, font baigner le film dans une ambiance inédite, quoique non dénuée d’austérité, faisant avant tout appel à l’intelligence et à l’imagination du spectateur.
Au-delà de cet aspect formel d’une belle radicalité, le long-métrage dit beaucoup sur cette partie de la Yougoslavie d’après-guerre : la désertification des campagnes, les maisons abandonnées, les métiers qui disparaissent (menuisier spécialisé en cercueil, châtaignière), un jeu d’adresse manuel d’un autre temps qui se joue au bistrot, l’émigration pour aller chercher du travail...
Quelques répliques font mouche - "on croit toujours qu’à l’étranger, l’argent pousse dans les arbres", "ici, on n’a pas le temps pour la sincérité, on verra ça plus tard, dans cent ans peut-être" - et l’humour se glisse malgré tout, au détour de certaines scènes : le médecin qui ne connaît qu’un remède, une chanson de jeunes suscitant la danse lascive de deux femmes sur la charrette qui fait la navette, avant que celles-ci ne se plongent avec délectation dans un roman-photo.
Ce film poétique, dont il faut accepter la construction inhabituelle, apporte un réel plaisir de cinéma, qui fait la part belle au visuel, tout en soignant sa narration : ce qui n’est pas si courant.
La production cherche toujours un distributeur en France : qu’on se le dise !
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