Le 15 mars 2023
Si Mounia Meddour confirme être l’une des plus importants porte-voix de la cause féminine au Maghreb, son nouveau film a perdu un peu de la faconde du précédent.
- Réalisateur : Mounia Meddour
- Acteurs : Rachida Brakni, Nadia Kaci, Lyna Khoudri, Hilda Amira Douaouda, Meriem Medjkane
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Algérien
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h38mn
- Date télé : 20 janvier 2024 22:58
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 15 mars 2023
- Festival : Festival du Film Francophone d’Angoulême 2022, Arras Film Festival 2022
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Résumé : Alger. Houria est une jeune et talentueuse danseuse. Femme de ménage le jour, elle participe à des paris clandestins la nuit. Mais un soir où elle a gagné gros, elle est violemment agressée par Ali et se retrouve à l’hôpital. Ses rêves de carrière de ballerine s’envolent. Elle doit alors accepter et aimer son nouveau corps. Entourée d’une communauté de femmes, Houria va retrouver un sens à sa vie en inscrivant la danse dans la reconstruction et sublimation des corps blessés…
Critique : Parler du statut de la femme en Algérie sans sombrer dans le mélo ou le radicalisme est un exercice complexe. C’est tout l’enjeu de ce film Houria qui survient presque quatre ans après le brillant Papicha et dont l’objectif essentiel est de dénoncer la condition féminine en Algérie, particulièrement à l’aune du contexte terroriste qui y règne. Le projet est ambitieux, et naturellement complexe, quand on perçoit à travers les quelques scènes tournées au commissariat les postures de la police, empreinte de désinvolture, qui cherche à protéger des repentis au détriment des victimes d’attentat. En ce sens, Houria s’annonce comme un long-métrage courageux, puissant, porté une nouvelle fois par la comédienne Lyna Khoudri, tout autant actrice que danseuse.
- Copyright HOURIA_INK_CONNECTION_HIGHSEA_PRODUCTION_2022
Le problème principal demeure la mise en scène qui ne fonctionne pas toujours. On ne peut pas ignorer des scènes, remplies d’émotions et de sensibilité, particulièrement autour de la danse et de l’acharnement à se sauver que des femmes blessées engage. Mais le reste de la narration est pollué par une volonté trop grande de la réalisatrice de dire beaucoup de l’état de la société algérienne, l’immigration, la perte de repère de la jeunesse etc. finissant ainsi de mélanger tous les problèmes au détriment de la fiction elle-même. Il est vrai que la problématique algérienne est difficile à lire en dehors de l’impact des politiques publiques en matière de sécurité face au terrorisme larvé qui lamine le pays, mais le sujet est trop lourd et complexe pour n’être qu’un des aspects de cette histoire. Il aurait peut-être été utile de concentrer le point de vue sur cet aspect, et du coup moins sur la dimension rééducative dans laquelle la jeune héroïne se plonge.
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Houria n’est pas raté, loin sans faux. Mais le film a perdu de l’énergie et de la magie de Papicha. Parfois, la mise en scène s’aventure dans une tonalité mélodramatique qui peut générer quelque agacement chez le spectateur. Le propos ne va jusqu’au bout des ambitions politiques de la réalisatrice, laissant le spectateur conclure presque lui-même les suites des aventures de la jeune Houria. On restera donc un peu en attente du prochain long-métrage de Mounia Meddour, en espérant qu’elle gagnera en plus de nuances dans la réalisation et en épure dans les combats légitimes qu’elle revendique à travers son œuvre.
- © Le Pacte
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