Les G.I. Joe vont faire du cheval dans le désert
Le 1er février 2018
Parce qu’aller filmer une guerre en Afghanistan qui s’enlise n’aurait pas alimenté le patriotisme américain, il semblait être une idée judicieuse de reconstituer une victoire d’un groupe de glorieux bérets verts. Pas de chance, c’est le film qui s’enlise.
- Réalisateur : Nicolai Fuglsig
- Acteurs : Michael Peña, Michael Shannon, Chris Hemsworth
- Genre : Film de guerre
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 2h10mn
- Titre original : 12 Strong
- Date de sortie : 31 janvier 2018
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Résumé : Le capitaine Mitch Nelson est le chef de l’unité des Forces Spéciales qui a été choisie pour une périlleuse mission secrète. Son détachement et lui sont envoyés en Afghanistan, en plein conflit armé, pour apporter leur aide aux Afghans dans leur lutte contre les Talibans.
Notre avis Metropolitan Distribution, qui propose Horse Soldiers sur les écrans français, vend le nouveau Chris Hemsworth comme un « film d’action rythmé par des scènes d’action spectaculaires » (dixit l’affiche). Un argument certes bateau mais qui devrait parler aux amateurs d’adrénaline et de testostérone. Ce même public devrait rapidement crier à la publicité mensongère tant cette description est loin de correspondre à la réalisation de Nicolai Fuglsig. Il faut dire que les spectateurs français seraient moins friands d’une communication qui leur vanterait « l’histoire vraie de héros américains à qui une statue a été dédiée à New-York ». C’est pourtant exactement cet argument, dont on se doute qu’il puisse davantage attirer les foules outre-Atlantique, qui est au cœur du projet de ce long-métrage.
Il est également important de savoir que la série B est l’adaptation d’un livre écrit par un grand reporter, et que la mise en scène a été confiée à un photojournaliste sans réelle expérience de réalisation. Une fois que l’on a pris en compte que c’est par le prisme de la reconstitution journalistique que nous est racontée cette aventure, il faut cesser d’y chercher vainement un grand film d’action épique sévèrement burné comme le producteur Jerry Bruckheimer nous y a habitué.
- copyright Metropolitan filmexport
Autant que le passé professionnel de Nicolai Fuglsig explique qu’il ne maîtrise pas les codes du film de guerre, autant on aurait pu espérer que celui-ci puisse alimenter une certaine subtilité dans le discours patriotique inhérent à un tel récit. Que nenni ! Le titre original 12 Strong est d’ores et déjà explicite quant au regard hagiographique porté sur ces douze bérets verts envoyés en Afghanistan, en guise de réponse directe aux attaques du 11 septembre. Soit dit en passant, de ce groupe de douze militaires, portés en héros de l’Amérique gendarme du monde, seuls trois d’entre eux ont droit à plus de trois répliques sur l’ensemble des deux heures de film.
Sans surprise, les trois acteurs auxquels le scénario donne plus d’importance qu’aux autres sont Chris Hemsworth, Michael Shannon et Michael Pena, que l’on a déjà vus tous les trois plus inspirés que dans les rôles caricaturaux qu’on leur a chargé d’interpréter ici. On peut se douter, au vu du manque de conviction qu’ils mettent dans leur prestation, qu’ils n’ont accepté celle-ci que pour le la dimension patriotique d’un tel projet. Immanquablement, celui qui livre la prestation la plus intéressante est l’Américano-iranien Navid Negahban, qui réussit à mettre de l’intensité dans son personnage de chef de guerre afghan. Les autres personnages sont évidemment les antagonistes, les Talibans, qui sont décrits avec un manichéisme grossier qui n’a d’égal que la représentation déshumanisante qu’en avait fait le film Le Royaume, parangon de la propagande pro-Bush.
- copyright Metropolitan filmexport
A défaut d’une quelquonque finesse idéologique ou d’une aventure épique survoltée, le film cherche à mettre en avant sa reconstitution minutieuse du mode de vie des cavaliers ouzbeks. Ce choix se ressent dans la multiplication d’anecdotes et de dialogues qui pèsent sur le rythme global. C’est ainsi que les passages les plus intéressants de la première moitié s’en retrouvent être les échanges entre le capitaine américain et le général afghan qui philosophent sur la guerre. Et pourtant, le poids des discours didactiques sur ce développement n’aide pas à clarifier les enjeux géopolitiques ni à rendre concrète l’importance de cette mission paramilitaire. Celle-ci ne sera d’ailleurs clairement évoquée que dans un carton final qui aurait mérité, au moins pour le public non-américain qui n’a jamais entendu parler de cette histoire, d’être placé au tout début comme le voudraient les conventions du genre.
Les spectateurs venus chercher là les fameuses « scènes d’action spectaculaires » risquent d’être déçus de constater qu’il faille attendre près d’une heure pour voir le premier échange de coups de feu. Les quelques scènes de bataille qui alimentent la seconde moitié sont suffisamment pétaradantes pour satisfaire les plus patients des aficionados des productions Bruckheimer. Les amateurs de chevaux s’amuseront également de voir ces hommes sur leur canasson, que l’on croirait tout droit sortis d’un western, affronter des tanks et autres lances-roquettes. Pourtant, ces passages souffrent tous d’un montage aléatoire qui rend parfaitement illisibles les combats. Tant de maladresses dans l’écriture et la réalisation qui empêchent à ce Horse Soldiers de ne pas s’élever au-delà du rang de série B dispensable tel qu’il en sort régulièrement en VOD.
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