Le 20 avril 2024
Résolument sombre, et comme le titre l’indique sans espoir, le premier film de Kim Chang-hoon présage du meilleur à venir chez ce jeune réalisateur un peu passé inaperçu au dernier Festival de Cannes 2023.
- Réalisateur : Kim Chang-hoon
- Acteurs : Song Joong-ki, Kim Seo-hyeong, Hong Xa-bin, Park Bo-kyung
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Teen movie, Policier
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 2h04mn
- Titre original : Hwaran
- Date de sortie : 17 avril 2024
- Festival : Festival de Cannes 2023, Festival International du film Policier de Reims 2024
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Résumé : Pour fuir une vie sans avenir et sans espoir, un jeune homme est entraîné dans une spirale de violence qui le conduira au cœur d’une organisation criminelle menée par un leader charismatique.
Critique : La première scène annonce tout le reste : un adolescent, muni d’une pierre, s’abat sur l’un de ses camarades et lui écrase le visage. Voilà un film brut, violent d’un bout à l’autre, sans concession, comme souvent dans le cinéma coréen, où l’hémoglobine côtoie la tyrannie des personnages. Hopeless se passe dans une ville grise, macabre, qui a mal vieilli, où manifestement les postes de pouvoir se gagnent dans la corruption. Les bandes organisées font régner la terreur grâce à un système terrifiant dont il vaut mieux rester à distance. C’est hélas tout le contraire qu’entreprend Yeon-gyu qui, pour fuir un beau-père violent et alcoolique, se perd dans les méandres de la mafia, au péril de sa vie et de son avenir. L’initiation est rapide, puisque du trafic de motos, il passe bientôt à l’apprentissage du crime.
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Hopeless ne fait aucune concession au spectateur. La violence entraîne la violence, dans un rythme soutenu et stressant, à la limite du thriller. Le jeune homme que le chef de clan appelle "Le petit", est partout sur l’écran. On assiste ainsi à la métamorphose, de ce qui reste de son enfance, en un être dur, déterminé et défensif. Les scènes se déroulent quasiment toutes dans une obscurité diabolique qui annonce sans détour le basculement de la société coréenne vers une forme de décadence. Un peu comme l’actualité du moment dans les lycées ou collèges français, la jeunesse ne recule pas devant aucune forme de barbarie et de chantage. Le respect se gagne dans des images volées sur les portables ou, pire, des règlements de compte sans foi ni loi. On ne peut que frémir face à ces jeunes adultes ou adolescents qui, faute d’identification positive, cèdent au terrorisme de la haine et de la violence gratuite.
Hopeless décrit avec beaucoup de force la relation père-fils, contrariée ici par la défiance, la maltraitance et le délaissement. Autant le protagoniste que le chef de clan auquel ce dernier s’affilie témoignent d’un manque sidéral d’affection, de reconnaissance paternelle qui les conduit à commettre le pire. Les deux jeunes hommes construisent une relation empreinte à la fois de déférence liée aux statuts de l’un et l’autre dans le groupe de criminels, mais aussi d’apprentissage et de protection. Les deux êtres sont totalement prêts à tout, au seul motif de trouver une colonne vertébrale à leurs existences perdues. Les personnages féminins sont plus rares, même si elles jouent un rôle salvateur pour les hommes, au prix parfois de servir de marchandises sexuelles pour racheter la cause de certains. Le réalisateur pousse un cri contre l’instrumentalisation des femmes et surtout les violences dont elles sont l’objet.
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Hopeless est une œuvre sombre, tragique, qui interroge les codes de moralité nouveaux qui semblent prendre de plus en plus d’importance dans les groupes de jeunes. Force est de constater qu’il n’y a pas un seul policier ou de représentant de la justice dans le récit. La vengeance, la loyauté absolue au chef de clan se substituent aux valeurs sociales et collectives. Cette absence totale de rappel à la loi, de la victoire de la justice sur la criminalité participe au sentiment d’une société coréenne sans espoir, condamnée à la perte. Kim Chang-hoon fait œuvre d’une vision du monde complètement désenchantée, empreinte d’un pessimisme puissant. Même les hommes politiques sont corrompus, ce qui présage de leur incapacité de faire valoir le droit et la protection des citoyens coréens.
Le spectateur ressort écrasé par la débâcle de la violence qui assaillit les personnages du film. Les appartements, les garages, et même les vues de la ville donnent l’impression d’un paysage de guerre où l’espoir d’un renouveau n’est plus permis. On espère juste que le réalisateur reviendra sur les écrans avec un second long-métrage, peut-être plus lumineux ou drôle, à l’instar de la formidable créativité des cinéastes coréens.
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