Carton rouge
Le 19 octobre 2007
Du Ken Loach sous anabolisants qui aborde sans a priori le monde du hooliganisme.


- Réalisateur : Lexi Alexander
- Acteurs : Elijah Wood, Charlie Hunnam, Claire Forlani
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique

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– Durée : 1h50mn
Du Ken Loach sous anabolisants qui aborde de manière frontale et sans a priori le monde du hooliganisme. Des maladresses gênantes viennent cependant noircir le tableau (d’affichage).
L’argument : Renvoyé de la prestigieuse université de Harvard pour un délit qu’il n’a pas commis, Matt Buckner part se faire oublier chez sa sœur en Angleterre. Là-bas, il découvre la fièvre qu’engendre le football, et surtout les groupes de supporters qui défendent l’image et la réputation de leur club comme une religion...
Notre avis : Ce n’est sans doute pas un hasard si Hooligans sort sur nos écrans quelques jours à peine avant le coup d’envoi de la Coupe du Monde de football. Pourtant il est très peu question du ballon rond dans ce film percutant qui nous propose une plongée au cœur d’un groupe de fanatiques anglais du club de West Ham, adeptes des troisièmes mi-temps qui se règlent à coups de têtes et coups de pieds non réglementaires sur le bitume londonien. On l’apprend très vite, le foot n’est qu’un prétexte à ces débordements sauvages et est mis sur la touche au profit d’affrontements sans retenue, comme si une compétition parallèle s’était créée entre les différents clubs de supporters. Que leur équipe gagne ou perde, les acolytes de Pete Dunham se rendent immanquablement à la baston d’après match pour défendre l’honneur de leur firm.
La première qualité de ce film est de nous mettre directement le nez dans cette atmosphère nauséabonde par le biais d’une bataille filmée nerveusement, au plus près des corps, de telle sorte que la violence crue soit ressentie de manière quasiment épidermique par le spectateur. Saisi et éprouvé par cette scène inaugurale impressionnante (il y en aura d’autres !), ce dernier serait tenté de condamner hâtivement les protagonistes. Mais les choses ne sont pas si simples et le film n’aura de cesse de désamorcer cet a priori expéditif . C’est là sa deuxième, et principale, qualité : tenter de comprendre, et de faire comprendre, ses personnages avant de les juger moralement, même si leurs comportements sont inacceptables.
Pour pénétrer ce milieu très fermé, nous suivons les pas du personnage d’Elijah Wood qui va découvrir cette folie humaine avec une grande méfiance, avant de se faire contaminer à son tour. Les relations entre les membres du club sont filmées avec justesse et finesse, donnant lieu à des scènes très réussies, contrairement à la lourdeur des scènes domestiques saturées de lieux communs. La réalisatrice Lexi Alexander, ancienne championne de kickboxing, semble ainsi plus à l’aise dans l’approche des rapports virils que dans celle des rapports familiaux. Les personnages de la sœur et du père de Wood sont, par exemple, complètement ratés. De même, le fait que les membres du (fight) club soient, en dehors, des gens charmants qui ont tous un job, nous est montré de manière trop appuyée. On avait compris qu’ils n’étaient pas tous des abrutis notoires.
Mais ces maladresses ne sont rien à côté des vingt dernières minutes, lorsque le film s’arrache de son aspect réaliste pour sombrer dans une sorte de tragédie grecque un peu exagérée avec son lot de trahisons, tentative d’assassinat du "père" (le Major) et sacrifice. Bref on n’y croit plus et même le dernier affrontement tombe dans le grand-guignol.
Malgré des interprètes convaincants, notamment Charlie Hunnam qui crève l’écran et éclipse un Elijah Wood un peu léger, le film, lui, ne convainc donc qu’à moitié. "Un partout, la balle au centre", dirait Jean-Michel Larqué !