Homecoming saison 1 - la critique (sans spoiler)

Copyright : Amazon Prime Video

Notre avis : En l’espace de trois ans Sam Esmail aura réussi à s’imposer dans les esprits comme l’une des personnalités majeures de la série télévisée, contribuant à la reconnaissance du médium en terme artistique. Telles les connotations que peut revêtir l’emploi du terme auteur, le réalisateur montre des facettes d’un ensemble totalement archétypal dès lors que l’on pense à cette appellation. A la fois talentueux et beaucoup trop conscient de l’être, il peut autant être capable du meilleur que du pire, avec comme conséquence le relâchement d’attention des spectateurs suite à la saison 2 de Mr. Robot, tellement péteuse que si l’on avait découvert une galaxie de nébuleuses planétaires on l’aurait appelée Sam Esmail. Le très bon, fréquemment excellent même, côtoie le très mauvais, sans demi-mesure aucune. Le voir à l’œuvre sur une nouvelle série, qu’il n’a pas écrite par ailleurs, est l’occasion pour lui de se consacrer à un autre univers et d’entrapercevoir pour nous la suite de la carrière de l’Américain au-delà de la série importante qu’est Mr. Robot. Mais voilà, Esmail et l’histoire de Homecoming c’est comme une fausse sacoche Gucci et un survêt Kalenji : ça va pas ensemble (et ça ne trompe personne aussi).

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Pourtant, des thèmes chers à Sam Esmail irriguent l’histoire de cette production Amazon et, au final, les mêmes tares tirant la série vers le bas sont les mêmes qui plombaient déjà Mr. Robot à son plus mauvais. Donc, dans un sens, dont l’on se serait bien passé de constater, Homecoming témoigne du style de son réalisateur, mais celui-ci s’applique tellement en inadéquation avec le scénario qu’il ne profite aucunement à l’œuvre. Comme entêté dans sa propre vacuité, le réalisateur plaque ses effets de style, qui ne changent absolument pas entre sa première série et celle-ci et commencent sérieusement à agacer ici tant il semble se regarder le nombril sans se préoccuper de l’histoire qu’il doit raconter. Et quand ces tics de mise en scène trouvent du sens (ce qui est le cas assez souvent, ne soyons pas malhonnête), l’auteur les étire pour une série beaucoup trop longue pour ce qu’elle a à dire. Homecoming aurait pu être un film de 2h30 si on avait enlevé tous les moments de flottement inutiles bien entretenus par une mise en scène pompeuse. Sam Esmail dévoile ses idées tel un Xavier Dolan au sommet de sa balourdise, en témoigne la typographie moins délicate qu’une vidéo de Squeezie utilisée pour les crédits. Alors, certes, il s’agit de la même (quasiment) mise en scène des génériques que dans Mr. Robot, mais en plus de faire redite elle s’inscrit avec cohérence (malheureusement) dans une proposition formelle au final contre-productive. Au vu du scénario terriblement sommaire avec un sous-texte stagnant ironiquement à la surface, Homecoming ne pouvait finalement s’élever que par la tragédie humaine d’une telle instrumentalisation des soldats américains. Avec Sam Esmail à la barre, c’est raté.

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Rigide comme le visage de Julia Roberts, la série peine à véhiculer autre chose que la froideur générale de son atmosphère. Aucun personnage n’est vraiment attachant, mention pour la protagoniste et son interprète, antipathique au possible et d’une naïveté invraisemblable pour une personne censée avoir obtenu un diplôme en psychologie (à croire son cursus s’est constitué de trois années avec Ian Duncan). Que la série préfère utiliser son temps pour raconter du vide plutôt que d’étoffer ses personnages et leurs traumatismes demeure une énigme que l’on a aucunement envie de résoudre. Homecoming semble se contrefoutre de la puissance de son sujet et de la profondeur du mal-être de ces militaires qui reviennent dans leur pays. Leur expérience au combat ne sert qu’un but narratif, ce qui pourrait passer pour une analogie percutante – la série représentant alors Geist, se servant tous les deux du malheur des soldats, pour faire avancer l’histoire dans le cas du premier, pour la création d’un « médicament » dans le cas du deuxième – si les scénaristes ne plaçaient pas autant d’effort pour empathiser ses personnages. Mais cela aboutit sur un échec qui fait de cette production une énième série complotiste oubliable où les méchants industriels aussi insaisissables que Big Brother manipulent tout le monde pour le profit, particulièrement les gentils militaires qui veulent juste retrouver une vie normale. Il faudrait redescendre un peu sur terre Sam Esmail, car c’est au niveau du sol que se situe votre Homecoming.